Site icon FFA – Forum Francophone des Affaires

Un emploi inopportun d’opportunité

L’emploi du mot opportunité au sens d’« occasion » est devenu courant, notamment dans la langue des affaires ; il est néanmoins regrettable.En latin, l’adjectif opportunus, formé sur ob (vers) et portus (le port) qualifiait le vent. Il désignait un vent qui vous pousse vers le port, et est donc particulièrement favorable et utile.
Au XIVe siècle, le français a calqué sur le latin opportunus l’adjectif opportun, qui signifie: « ce qui est bienvenu, favorable, et qui convient ».
Ont dit depuis : il est opportun, ou peu opportun, de prendre une décision ; telle action fut faite en temps opportun.
À partir de cet adjectif on a dérivé l’adverbe opportunément (arriver fort opportunément), le substantif opportuniste (celui qui, généralement en politique, cherche l’occasion favorable), et surtout le substantif opportunité. Ce dernier mot signifie: « caractère de ce qui est opportun », et plus généralement « occasion favorable ».
C’est bien ce sens de faveur qui spécifie le mot opportunité. Il est par là synonyme d’à propos ou de convenance. On juge de l’opportunité d’une action, on a le sens de l’opportunité (on sait d’instinct ce qu’il convient de faire).
Toutefois, sous l’influence de l’anglais opportunity dont la signification est générale, opportunité devient synonyme d’une simple occasion : j’ai l’opportunité de partir dès demain.
C’est perdre le lien avec l’adjectif opportun que, pour ma part je sens encore très fortement dans opportunité.
Au sens ordinaire, pourquoi ne pas utiliser tout simplement possibilité, perspective, occasion ? Sauvegardons la spécificité du mot opportunité : cela me semble très opportun.