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A bon escient

Ne craignons pas d’être un peu puriste, à bon escient du moins.

Et d’ailleurs en sachant ce que signifie à bon escient, et en l’employant de même.

Le latin classique utilisait une locution formée d’un pronom personnel suivi de sciente, participe présent du verbe scire « savoir » ; elle signifiait « moi, toi, lui, etc. le sachant ». Cette expression a été empruntée par le français médiéval sous la forme mon, ton, son, etc. escient.

En ancien français escient fonctionnait donc comme un substantif. Il désignait le savoir que l’on a de quelque chose, voire le discernement et la sagesse. En locution on disait agir à son escient, voire à escient tout court, c’est-à-dire « en pleine connaissance de ce que l’on fait ».

L’expression est vieillie. On la rencontrait encore au XIXe siècle ; Proudhon écrit : « Je ne crois pas que les législateurs aient commis à leur escient une spoliation ».

On ne la rencontre plus guère qu’accompagnée de l’adjectif bon. À bon escient signifie alors « avec une bonne et juste connaissance de son acte », c’est-à-dire avec discernement et à propos : parler à bon escient

Il s’agit d’un reliquat. La plupart des emplois d’escient ont disparu, remplacés par un adverbe également issu du latin scire, et qui signifie  « en connaissance de cause » : sciemment.

Employons donc sciemment à bon escient ; et vice-versa.