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Tendances économiques

Édito – Janvier 2018

De manière générale, et ce malgré des inégalités entre les pays, 2017 est marquée par un niveau de croissance retrouvé sur l’ensemble du continent africain aux alentours des 4,5% avec des prévisions favorables pour 2018.

Dans ce contexte, l’Afrique francophone fait figure de bon élève en enregistrant la deuxième meilleure performance régionale à 3,2%, derrière l’Afrique de l’Est qui s’impose comme la sous-région la plus performante avec une croissance moyenne du PIB réel de 5,3%.

Parmi les cinq premières économies africaines, deux d’entre elles appartiennent à la zone francophone dont l’Algérie qui se place en 4e position et le Maroc en 5e position. A eux deux, ces pays totalisent un PIB cumulé de 291 milliards de dollars représentant plus de 12% du PIB africain global.

Fait politique marquant, le Maroc qui dans une logique d’émancipation de l’Europe a réintégré fin janvier l’Union Africaine devrait voir son influence diplomatique grandir en Afrique Sub-Saharienne. Conscient que son propre développement est étroitement lié à celui de tout le continent, ce poids politique vient renforcer une politique économique d’investissement dans toute l’Afrique entreprise depuis 2008. D’autres pays de la zone francophone ont également mis en place cette année des politiques de développement économique et d’investissement ayant pour but de favoriser la croissance. Parmi eux, nous pouvons citer l’Île Maurice qui en mars 2017 a instauré un plan stratégique pour le développement de ses PME, ce qui a notamment profité à l’industrie du tourisme en augmentation de +11% avec un marché estimé à 1,58 milliards de dollars.

En Côte d’Ivoire, l’état s’est quant à lui engagé massivement dans le Oil&Gaz à travers un plan d’investissement d’environ 1 milliard de dollars dans des pipelines et entrepôts de stockage avec l’intention de faire du pays une plaque tournante pour l’acheminement du pétrole en Afrique Sub-Saharienne.

A Djibouti, c’est un important programme d’investissement de 15 milliards de dollars dans les infrastructures logistiques qui a été entrepris. L’état a d’ailleurs récemment inauguré les ports de Tadjourah et de Goubet en juin 2017 avec pour ambition d’en faire des acteurs majeurs de l’exportation de la potasse et du sel.

D’autres pays comme le Gabon ont également porté la croissance francophone, qui grâce à son statut de pays hôte de la coupe d’Afrique des Nations a vu son secteur de la construction se développer très fortement. Ou encore le Rwanda, dont le secteur du retail en augmentation de 20% chaque année était classé comme le secteur le plus attractif du continent par le cabinet de conseil en stratégie AT Kearney Africa. Ou enfin le Burkina Faso, dont le secteur minier est là aussi un driver de la croissance puisque le pays se positionne comme le 4e plus gros producteur d’or du continent avec des exportations qui comptent pour 60% de ses revenus.

En résumé, 2017 aura été une année profitable pour bon nombre de pays africains de la zone francophone, en témoigne la récente nomination de l’Algérie pour la 2e année consécutive à la première place des pays africains du World Happiness Report. Pour autant, il existe d’importantes disparités au sein de la zone et la région ne doit pas non plus ignorer les réels enjeux qui l’attendent pour endiguer le niveau de crime et de violence qui règne dans des pays comme le Niger, le Mali ou encore la Guinée si elle ne veut pas risquer une fracture économique

À propos de l'auteur

Articles

Baréma Bocoum est spécialisé dans l’accompagnement dans le cadre de transactions complexes et situations spéciales (Restructurations financières, Turnaround, accélération du Cash, Fermetures de sites, distressed M&A). Baréma est par ailleurs responsable de la coordination de l’équipe Deal Advisory Afrique et accompagne les grands groupes et fonds d’investissements dans le cadre de leurs opérations sur le continent africain.
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Edito Tourisme

Djerba sera la capitale mondiale de la francophonie en novembre 2021, si le contexte sanitaire permet à la Tunisie d’accueillir le 18ème Sommet de la Francophonie sur le thème « Connectivité dans la diversité : le numérique vecteur de développement et de solidarité dans l’espace francophone ».

Sarra Maâouia a rappelé à cette occasion que l’espace francophone constitue un territoire de relations économiques et commerciales privilégiées, par son histoire et par sa langue. 

C’est le moment de se souvenir que le français est la langue du Tourisme, et mon Edito de septembre 2017 sur ce thème est plus que jamais d’actualité.

La France est toujours la première destination mondiale en nombre de visiteurs internationaux et l’un des principaux pays émetteurs ; Le réseau des restaurants français dans le monde participe aussi à ce rayonnement de la France dans le Tourisme international. 

Il serait intéressant de pouvoir y ajouter également les chiffres du Tourisme dans les pays francophones, mais les principales statistiques internationales disponibles sont faites par principaux pays touristiques, grandes régions et continents, ce qui ne permet pas de mesurer le poids exact du Tourisme francophone. Cependant ces chiffres mettent déjà en évidence que le Tourisme offre tous les ans des centaines de millions d’opportunités de contacts avec la langue française donc avec la Francophonie, ses cultures et ses entreprises, et surtout que le Tourisme est encore un des premiers atouts de la « Marque France » à l’international. 

De plus, le tourisme linguistique est en plein essor. Le premier séminaire de haut niveau organisé sur ce sujet en Juin 2015 par le Ministère des Affaires étrangères et du Développement international avait montré que l’intégration de la langue française dans notre offre touristique avait un impact important sur l’attractivité de nos Régions. 

A cette occasion une plateforme numérique développée par Campus France a été lancée : « Immersion France ». Elle a pour ambition de faciliter la venue en France des étudiants mais aussi des professionnels et des touristes désireux d’apprendre la langue française lors de séjours touristiques adaptés. Au-delà des chiffres annuels très positifs, il ne faut pas oublier que la marge de progression est immense car 125 millions de personnes apprennent le français dans le monde et plus d’un million s’inscrivent chaque année dans notre réseau exceptionnel d’Instituts français et d’Alliances françaises. L’Alliance française est en effet le premier réseau culturel mondial avec 800 implantations dans 137 pays sur les cinq continents pour un demi-million de personnes chaque année, auxquels il convient d’ajouter les six millions de personnes qui participent à leurs activités culturelles. 

Mais il est à déplorer que la plupart d’entre eux ignorent l’existence de cette plateforme. 

Certains de ces établissements ont innové en créant des modules spécifiques pour « le français langue du Tourisme » mais trop peu d’entre eux et le lien avec la promotion des destinations françaises y est rarement associé faute de partenariats. Toutes ces initiatives pourraient être étendues aux pays francophones. 

Le réseau « France Alumni », mis en place en 2014, permet par ailleurs aux étudiants ayant réalisé des études supérieures en France de rester en réseau, de valoriser leur séjour en France dans un cadre professionnel et de maintenir des liens d’amitié. Il pourrait être étendu aux étudiants « non supérieurs » des métiers du tourisme (guides-interprètes, métiers de l’accueil, de la gastronomie, de la mode, des activités sportives de plein air, de la médiation culturelle, du numérique etc…) car ils sont eux aussi des ambassadeurs précieux de la culture francophone dans le monde. 

Le Tourisme est un des premiers vecteurs de promotion culturelle et de développement économique et territorial, et c’est aussi un levier très efficace de progrès social, fidèle à l’objectif premier des Pères fondateurs de la Francophonie institutionnelle : mettre la langue française au service de la paix, de la solidarité, du développement et du rapprochement des peuples par le dialogue des civilisations.  

C’est d’autant plus important aujourd’hui que le Tourisme francophone doit relever aussi un nouveau défi, au-delà des enjeux économiques et sociaux, car les attentats de ces dernières années montrent que les cibles choisies sont la plupart du temps des lieux culturels et touristiques. Ce n’est pas un hasard. L’enjeu est donc dorénavant aussi éthique car le Tourisme francophone peut participer à la « défense et illustration » d’un art de vivre, et d’une certaine idée de l’homme et de la femme.

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Diasporas africaines, mobile money, quel avenir ? - Ares & Co

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Diaspora et Mobile Money : un vivier de croissance pour le continent africain - Ares & Co

Tant en France que dans les pays africains, il existe une prise de conscience bien réelle de l’importance de la diaspora et du rôle qu’elle peut jouer notamment comme accélérateur des économies du continent. Si toutes les générations diasporiques n’ont pas le même rapport à l’Afrique  – les anciennes générations se sentent « redevables », quand les nouvelles générations envisagent davantage l’Afrique comme une terre d’opportunité – une constante demeure : les transferts d’argent vont croissants.

Même si l’essentiel des transferts réalisés vers l’Afrique sert encore à subvenir aux besoins des familles, les questions de développement économique local et de créations d’activités sont ouvertement discutées au sein des plus jeunes générations. Elles veulent entreprendre et n’entendent pas utiliser les mêmes courroies de transmission que leurs ainées. Leur horizon n’est plus le village, le département ou le pays d’origine mais l’Afrique tout entière, avec ses taux de croissance et ses sources d’opportunités personnelles. Une fois les aides familiales satisfaites, trois types d’investissements concentrent l’essentiel des ressources : les projets immobiliers, les projets solidaires d’intérêt général et les investissements productifs dans des projets d’entreprises d’import/export ou locales.

Sur le plan économique, les diasporas sont un des premiers acteurs de la solidarité internationale, loin devant les agences de développement et autres acteurs de l’aide publique au développement. Ainsi, les transferts d’argent représentent une ressource en devises essentielle pour les pays d’origine et pour nombre d’entre eux, une part non négligeable de leur PIB. Ils sont l’une des rares ressources stables pour les pays d’origine.

Bien que les tarifs aient baissé ces dernières années, les coûts des transferts de fonds – et les estimations de perte associée pour l’Afrique – restent importants. On observe toutefois une volonté forte des pays africains de faire évoluer leurs cadres institutionnels et normatifs en faveur d’une baisse des coûts des transferts de fonds et de l’investissement de leurs diasporas. Cette évolution s’inscrit dans un contexte dynamique lié à l’attrait des jeunes générations des diasporas pour leur continent d’origine et à la diversification de l’offre de services existante, notamment à travers les outils de la FinTech, d’Internet et des télécommunications.

En Afrique, si l’essentiel de la population ne possède toujours pas de comptes bancaires classiques, une majorité d’individus possède un téléphone portable et/ou un accès régulier à internet. Dans ce contexte de faible inclusion bancaire, le mobile money ne pourrait-il pas devenir une alternative sérieuse à l’offre existante des banques et des opérateurs de transfert de fonds pour les diasporas ?  

Très prisée par les populations africaines, le mobile money s’est imposé localement comme la solution en termes d’accès aux fonds pour les récipiendaires les plus marginalisés (ruraux, femmes, personnes âgées) et le continent possède aujourd’hui le record de pénétration du marché loin devant l’Asie, l’Amérique Latine ou l’Europe. 

Source : http://www.aresandco.com/blog/2020/02/18/diaspora-et-mobile-money/

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