Point de vue des économistes

République populaire de Chine et Amérique latine-Caraïbes :

Une relation en forte croissance et à la croisée des chemins

La République populaire de Chine est devenue depuis le début des années 2000 l’un des plus importants partenaires commerciaux des pays d’Amérique latine-Caraïbes (ALC).

Le volume des échanges en marchandises entre la Chine et l’ALC est passé de 10 milliards de dollars pendant la décennie 1990-2000 à près de 266 milliards de dollars en 2017 (1). Cette très forte croissance s’inscrit dans la volonté d’atteindre l’objectif de 500 milliards de dollars d’échanges multilatéraux dès 2025.

La RPC a intégré depuis plusieurs années les spécificités du continent et s’adapte aux évolutions de la région : les relations privilégiées avec le Vénézuéla,

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Point de vue des économistes

Le triangle nord centraméricain : Guatémala-El Salvador-Honduras, une chance régionale ?

L’Amérique centrale a longtemps occupé la une de l’actualité internationale : « point chaud » de la rivalité Est-Ouest dans les années 1980 (Nicaragua, El Salvador, Guatémala), elle a depuis tenté de construire un retour à la stabilité institutionnelle et une unité régionale au travers du Système d’intégration centraméricain (SICA). Aujourd’hui, Une partie de l’actualité internationale porte actuellement sur l’Amérique centrale : au Guatémala, l’éruption du volcan Fuego a fait des ravages dans dans l’ouest du pays. Le Nicaragua traverse une de ses pires crises politiques et sociales depuis les années 1980. Au Salvador, un ancien Président, Mauricio Funes (2009-2014) est accusé d’avoir détourné près de 351 millions de dollars pendant son mandat. L’Amérique centrale est à la fois une terre de migrants,

Fort de ses  522.000 km2, l’isthme centraméricain regroupe 7 Etats : le Guatémala, le Belize (membre du commonwealth), El Salvador, le Honduras, le Nicaragua, le Costa Rica et le Panama.  Avec une une croissance économique régionale avoisinant les 3%, l’Amérique centrale peut être une zone d’investissement et de services entre l’Amérique du sud et le Mexique. Le PIB  des pays centraméricains (hors Panama) s’élève à 185 Mds USD. Si la dimension régionale est importante pour mieux comprendre l’enjeu stratégique de cette partie du monde, il est important de rappeler qu’elle reste hétérogène, chaque pays offrant une réalité différente de son voisin. Les disparités rentent réelles sur le plan de la taille des marchés, des niveaux de développement socio-économique et des opportunités d’affaires.

Le pays centraméricain le plus peuplé reste le Guatemala qui est la première économie de l’Amérique centrale (68 Mds USD en 2016). Le Costa Rica (58 Mds USD), le Panama (55 Mds USD) et El Salvador (26,7 Mds USD) constituent les autres économies importantes de la région.

Le Guatémala, le Honduras, El Salvador ont constitué une union douanière appelée « Triangle nord ». Ensemble, ces pays représentent 30 Millions de personnes, 70% de la population centraméricaine. 9ème économie d’Amérique latine, Le triangle nord en est le 9ème exportateur et le 4ème en manufactures. Les défis économiques et sociaux sont importants dans une région dont 65% de sa population a moins de 29 ans.

Par exemple, sur le plan économique, le faible coût de la main d’œuvre conduit certains pays à se délocaliser en Amérique centrale : les Etats-Unis renforcent leur présence au travers d’ateliers de confection ou d’activités de service qui restent le cœur du savoir faire de la majorité des Etats centraméricains. La Chine commence à s’implanter tandis que l’Union européenne a établi une coopération régionale depuis les premiers accords de San José en 1983.

Un plan d’Alliance pour la prospérité a été mis sur pied par le Triangle nord. Il vise à une approche globale pour assurer les bases d’un développement économique qui intègre un soutien aux entreprises et à l’appareil productif, tout en appuyant un programme de soutien aux institutions afin de créer une stabilité et sécurité favorables au climat des affaires. L’objectif est ambitieux : il vise à favoriser une croissance du PIB entre 2.4 et 3.5%,  générant la création de 600.000 emplois nouveaux.

Cette dynamique est aussi une réponse au problème des migrants, 9% de la population de cette partie de l’Amérique centrale souhaitant partir et rejoindre majoritairement les Etats-Unis. Depuis les années 1980, cette population établie notamment en Amérique du nord participe activement de l’économie de l’Amérique centrale en transférant une partie de leurs revenus, appelés « remesas » qui constituent une source de revenus importants pour ces pays. Ces transferts ont augmenté ces dernières années et ont atteint 5 Mds USD au Salvador, 8,1 Mds USD au Guatemala, et 4,3 Mds USD au Honduras pour l’année 2017.

Le plan d’Alliance pour la Prospérité vise d’ici 2020 à développer la capacité énergétique de l’Amérique centrale tout en la diversifiant. Il s’agit de doubler la capacité d’interconnexion régionale, passant de 300 MW à 600 MW tout en favorisant de nouvelles sources de production d’énergie.

La construction réhabilitation et maintenance de couloirs routiers prioritaires portent sur 1500 km tandis que 4 ports et aéroports sont concernés par un développement des infrastructures et amélioration. Le soutien a près de 180.000  micro et petites entreprises avec la mise en place d’un fonds de soutien de 900 millions de dollars, l’appui et l’aide à l’insertion de 500.000 familles vulnérables, constituent autant d’actions complémentaires d’un plan qui vise à faire du triangle nord le pôle dynamique d’une région qui est placée sous l’œil de l’actualité internationale par son positionnement stratégique entre le Nord et le sud de l’Amérique.

La France, 5ème fournisseur de la région, 7ème client européen tout autant que l’Europe, 3ème partenaire commercial de l’Amérique centrale peuvent renforcer leurs positions en soutenant la volonté du Triangle Nord d’assumer l’objectif pour lequel il a été crée : tirer vers le haut l’économie des pays membres mais également celle de la région centraméricaine.

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Point de vue des économistes

Cuba veut poser les bases de son offre de plateforme économique

L’accession au pouvoir du nouveau Président cubain, M. Miguel DIAZ-CANEL BERMUDEZ vient de placer Cuba sous les feux de l’actualité. Le processus engagé qui accompagne une évolution politique sur le long terme doit cependant se poursuivre avec une volonté de rendre le pays attractif pour les entreprises. Des réformes ont été engagées dès 2010 comme l’autorisation de micro entreprises dans 500 métiers. La création de la zone franche au port de Mariel est emblématique de l’ambition cubaine d’en faire à terme le « hub régional » des Caraïbes.

Même si Cuba reste la première économie régionale des Caraïbes, les défis sont de taille : sur le plan de l’agriculture, du numérique, de l’ouverture économique. La Havane met désormais l’accent sur certains secteurs d’activités : le tourisme, l’énergie renouvelable, la santé, le développement urbain, les transports, le secteur agro-alimentaire. Le maintien de la double monnaie, le CUC et le péso reste un handicap économique et renforce un système à deux vitesses. Le nouveau Président sait bien qu’il lui faudra, à terme, s’atteler à ce problème économique majeur.

Au niveau bilatéral, une déclaration conjointe sur la reprise de la coopération a été signée à la Havane le30 Novembre 2010.

Pour autant, l’économie cubaine reste toujours fragile, dépendante de différents secteurs clés exportateurs qui permettent de financer son modèle socio-économique. Affectée par les difficultés que traverse son plus grand partenaire, le Venezuela, Cuba doit faire face à une contrainte de liquidités qui a provoqué en 2016 la première récession depuis 25 ans (évolution de -0,9% du PIB). Les autorités ont cependant annoncé une reprise dès 2017 avec 2% de croissance. Mais il lui faudrait parvenir à 7% pour enclencher une dynamique de développement soutenu.

L’annonce historique d’un rétablissement des relations diplomatiques avec les Etats-Unis en 2014, l’assouplissement de l’embargo qui s’en est suivi et le fort intérêt des investisseurs étrangers pour ce pays aux côtés de l’essor considérable du tourisme depuis quelques années, offrent cependant des perspectives encourageantes. Malgré le durcissement de Washington depuis 2017, le niveau des « remesas », des flux financiers émanant de la communauté cubaine établie à l’étranger, principalement aux USA, reste élevé : plus de 3 Mds€ par an. Le premier poste de revenus est constitué du « prêt » des médecins dans le monde (60.000), procurant près de 6 Mds €/an. Mais, la complexité du cadre macroéconomique, les difficiles conditions de financements continuent d’être des entraves à l’installation des entreprises étrangères.

La relation entre la France et Cuba s’est renforcée sur le plan économique ces dernières années, notamment grâce au le soutien français dans la conclusion d’un accord sur la dette cubaine à moyen et long terme avec le groupe de créanciers du Club de Paris, le 12 Décembre 2015, autorisant l’accès à de nouveaux investissements internationaux. Les entreprises françaises manifestent un intérêt certain pour le marché cubain.

Chaque événement bilatéral constitue d’ailleurs l’occasion aux entreprises nationales, de rappeler leur présence. Le volume des exportations françaises vers Cuba avoisine 150 M€. Les investissements français à Cuba représentés par une trentaine de bureaux de représentation notamment Bouygues Bâtiment international, Accor, Pernod Ricard, Air France, Comptoir des Caraïbes, Havana Club, Total, Alcatel, offrent un socle solide à cette relation. Une feuille de route économique conjointe définit le cadre et les secteurs prioritaires (tourisme, santé, énergie, développement urbain, transports, agro-alimentaire) de la relation bilatérale et des actions françaises.

L’Agence française de développement est mobilisée pour soutenir des projets identifiés et par la mise en place des financements pour appuyer les investissements que feront les entreprises françaises . La France fait partie des 10 premiers partenaires économiques de Cuba, l’Union européenne étant pour sa part le premier partenaire commercial de La Havane, avec 22% des échanges commerciaux en étant au 1er rang pour les importations cubaines et 2ème rang pour les exportations.

La relation avec la France se développe également à travers des échanges scientifiques et universitaires notamment dans les domaines des biotechnologies, de l’agronomie, de l’environnement, de la médecine, des sciences exactes et de l’ingénierie. L’enseignement et la diffusion de la langue française s’appuient sur les Alliances françaises de la Havane et de Santiago, seuls centres culturels étrangers autorisés et très fréquentés avec près de 10.000 élèves dans la capitale. Cette promotion francophone se vérifie dans le cadre de la promotion d’une présence de qualité lors des événements culturels comme la biennale d’art contemporain, le Festival international de théâtre, le Festival du film français de Cuba.

Ces axes assurent une présence permanente établie, offrant autant de garanties à une relation bilatérale qui exige de s’inscrire dans la durée pour compter non seulement dans le cadre de la relation bilatérale mais également pour renforcer une présence régionale.

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La République dominicaine, une économie des Caraïbes ouverte sur le monde

Avec ses 48.320 kilomètres carrés et 10.65 millions d’habitants la République dominicaine a voulu réorienter son économie vers les zones franches et le tourisme après avoir longtemps été centrée sur les exportations agricoles.
1ère destination touristique des Caraïbes, ce secteur d’activités emploie près de 300.000 personnes et représente 6.1% du PIB. Ce chiffre pourrait même atteindre 12% si les activités générées par le tourisme dans les activités des transports, de la construction et du commerce y étaient associées. La République dominicaine bénéficie d’importants transferts de fonds, les fameuses « remesas » des dominicains vivant à l’étranger (près de 2 millions de personnes dont plus de la moitié aux Etats Unis).
Le taux de croissance reste élevé, autour de 6% . Cependant, l’économie dominicaine reste fortement dépendante des Etats-Unis qui absorbent la majeure partie de ses exportations et fournissent la moitié des entrées touristiques. 1er client (49%), 1er fournisseur (41%), les Etats Unis occupent une place de choix, loin devant d’autres pays, client de la République dominicaine : Haiti (14%), le Canada (9%), l’union européenne (7%). Les fournisseurs sont après les Etats Unis, la Chine (12%), le Mexique (6%), le Vénézuéla (5%), Trinidad et Tobago (5%).
L’environnement des affaires s’est amélioré après la crise des années 2000. Le secteur bancaire bénéficie aujourd’hui de bons niveaux de liquidités et de rentabilité. La République dominicaine favorise l’ouverture extérieure de son économie en renforçant ses liens internationaux : entrée en vigueur de l’accord de libre échange DR-CAFTA (Dominican republic- central american free trade agreement ) avec les Etats unis, participation au CARIFORUM, accord de partenariat économique avec l’union européenne (APE) depuis 2008.
La présence de la République dominicaine au sein du Système d’intégration centraméricain (SICA), ouvre à ce pays les marchés le marché centraméricain. Au delà, le Mexique et l’Amérique du sud, par le biais de l’Amérique centrale deviennent plus facilement accessibles. Le Mexique est un des fournisseurs de la République dominicaine (6%) et appartient, comme la Colombie, le Pérou et le Chili, à l’Alliance du Pacifique.
Cet espace peut devenir paradoxalement, une nouvelle frontière économique pour la République dominicaine qui voit la Chine devenir un de ses fournisseurs ( à hauteur de 12%). En développant ses liens avec le Mexique et en s’arrimant à l’Amérique du Sud par la Colombie ou le Chili qui développe une stratégie visant à être un pôle économique et financier attractif en Amérique du sud, la République dominicaine aura consacré un désenclavement en pouvant regarder vers l’Asie-Pacifique d’une part et l’Europe de l’autre.
La scène régionale reste bien naturellement la priorité de ce pays . mais en élargissant ces dernières années, son réseau diplomatique en ouvrant des représentations en Inde, au Qatar, en Egypte, en Russie, en Afrique du sud, la République dominicaine reste attentive à toute opportunité de nouveaux partenariats.
La République dominicaine est membres de l’Organisation internationale de la francophonie. Dans cet espace, la France est un allié. Elle est le 15ème partenaire commercial et 7ème investisseur de la République dominicaine. Celle-ci est pour sa part, le 1er partenaire commercial de la France dans les Caraïbes et son second client après Cuba.
Les relations commerciales ont connu une croissance dans les années 2000 grâce à des opérations d’ampleur : Orange avait racheté un opérateur local , les entreprises Thalès, Alstom, CIM/TSO ont réalisé la 1ère ligne de métro de Saint Domingue renforçant la diffusion du savoir faire technologique français. Poma, Vinci, se snt rapidement implantées. Ce sont plus de 140 sociétés françaises qui sont désormais représentées en République dominicaine avec de nombreuses PME/PMI  dans les services.
Les investissements français concernent principalement la distribution (Carrefour), le tourisme (Accor, Club Méditerranée, Nouvelles frontières), l’industrie (Air liquide ; Arcelor Mittal), les transports (Air France), l’énergie (Schneider, Legrand) la pharmacie (Sanofi-Aventis- et l’immobilier.
Cet environnement favorable, des affaires permet de développer une coopération scientifique et culturelle importante et marquée, notamment, par la promotion de la langue française dont l’enseignement est obligatoire dans les écoles dominicaines. Les cinq alliances françaises accueillent 4500 élèves, le développement de programmes de formation et d’enseignement à distance, notamment en lien avec l’Université Antilles-Guyanne qui a ouvert un master « Français langue étrangère » ,les partenariats universitaires avec l’IEP, l’ENA, les Universités de Savoie, de Pais, d’Aix-Marseille, de Bordeaux, les liens avec la région Guadeloupe créent un tissu dense en faveur de l’apprentissage du français et d’une intégration plus aisée dans l’espace francophone.
Depuis 2009, l’Agence française de développement (AFD) et sa filiale Proparco ont développé leurs opérations et interviennent, sous forme de prêts, pour plus de 300 Millions d’Euros, dans les domaines portant sur la protection et la valorisation des ressources naturelles, l’aménagement territorial et urbain et le soutien au secteur privé.
La République dominicaine s’est engagée dans une stratégie visant à élargir son champ de présence internationale : aux côtés d’une relation privilégiée avec les Etats-Unis, ce pays a renforcé sa position dans les Caraïbes et son environnement régional : Amérique centrale avec le SICA ; Alliance du Pacifique par le biais du SICA et ses relations avec le Mexique, une des principales économies de cet espace commercial dynamique regroupant avec le Mexique, la Colombie, le Pérou et le Chili . A travers cette Alliance, c’est l’espace Asie-pacifique qui s’ouvre tandis que les relations avec l’union européenne permettent un équilibre avec l’hémisphère occidental. Autant dire que la France, l’Union européenne et l’espace francophone ont une place à développer et consolider avec ce pays allié dans la région des Caraïbes.

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Le Chili veut se transformer en une plateforme économique régionale

La solidité économique du Chili permet au nouveau Président, M. Sébastian PINERA, d’affirmer la volonté de faire du chili une plateforme économique régionale. Membre de l’OCDE, le Chili dispose d’une économie libérale et marquée par le multilatéralisme.
Considérée comme l’une des plus développées des grands pays d’Amérique latine (PIB de 259 Milliards USD en 2017 derrière le Brésil, le Mexique, l’Argentine et au même niveau que la Colombie, le Chili voit ses indicateurs macroéconomiques virer durablement au vert.
Son PIB par habitant est le plus élevé de la région andine. Il est de plus de 14.000 USD (le double de la Colombie et du Pérou). Le Chili est porté par une évolution très favorable des termes de l’échange depuis le début des années 2000. Il a enregistré des performances importantes ces dernières années, avec 4,9% de croissance en moyenne sur la période 2000-2013, supérieures à la moyenne latino-américaine.
Si la croissance s’était ralentie entre 2014 et 2016 pour avoisiner 2% après un ajustement du prix du cuivre (qui représente la moitié de ses exportations), le FMI a annoncé une croissance de 1,7% en 2017 avant un rebond plus net de 3% en 2018 et 3,2% en 2019.

Cette réalité offre au Président PINERA et à ses ministres du pôle économique, parmi lesquels l’excellent Ministre de l’économie et des finances, M. Felipe LARRAIN, l’opportunité de s’inscrire dans la durée et d’offrir à ses partenaires le schéma d’une plateforme régionale.
Le Chili est un pays très marqué par une approche multilatérale. Marché latino-américain et nord américain, Asie-Pacifique, Europe sont les zones habituelles de ses exportations.
Son ouverture commerciale le distingue dans la région, situation renforcée par un climat des affaires attractif et une gestion saine de ses finances publiques. Malgré un creusement du déficit public ces dernières années (-2,9% en 2016), les finances publiques demeurent saines. La dette publique chilienne a atteint 24 % du PIB en 2016 (restant la plus faible du continent latino-américain).
Cette position est consolidée par les avoirs accumulés dans les fonds souverains (fonds de stabilisation alimenté par les recettes du cuivre, et modèle chilien de retraite par capitalisation représentant 95% du PIB). La dette extérieure brute du Chili a atteint 65% du PIB en 2017 . Elle reste largement dominée par la dette des agents privés et des entreprises ( au ¾). Les pressions inflationnistes de 2014 et 2015 se sont atténuées en 2016 (hausse de 2,7%) et 2017 (2,5%) avec une anticipation de 2,4% en 2018.
Sur le plan structurel, le Chili fait face au défi de diversifier ses exportations (le secteur minier capte encore plus de la moitié des IDE). Le taux d’investissement total se situait en moyenne autour de 24% du PIB entre 2011 et 2015, mais autour de 18% en excluant le secteur minier, un chiffre encore peu élevé pour un pays émergent.

La solidité de la position extérieure du Chili est reflétée par sa notation souveraine, AA3 par Moody’s, A+ par S&P et A par Fitch, la plus élevée en Amérique latine. Il jouit également de l’un des plus bas taux de pauvreté du sous-continent (8,9%). Cependant, il reste encore le pays de l’OCDE le plus inégalitaire.
L’économie chilienne est très ouverte aux marchés extérieurs. La part asiatique et Pacifique se taille la part du lion : l’APEC, (Etats-Unis inclus), représentent 69% de ses exportations. 28,5% se font avec la Chine, 8,5% vers le Japon et 6,9% vers la Corée du sud. L’Union européenne représente 12,6% de ses débouchés.
Le Chili est marqué par sa position favorable à la défense du multilatéralisme. Il a signé 26 accords de libre-échange avec 64 économies (représentant 85% du PIB mondial). Il a par exemple, conclu, avec l’Union européenne à partir de 2002, un accord d’association en Amérique latine qui a permis le doublement des échanges entre les deux blocs.
L’Union européenne et le Chili sont convenus de le moderniser en 2018 (1er round de négociation engagé en Janvier dernier).
Autre champ d’action privilégié par le Chili, l’Alliance du Pacifique. Elle regroupe 4 pays latino-américains de la façade pacifique (Chili, Pérou, Colombie et Mexique représentant 40% du PIB du sous-continent). La France en est membre observateur. Cette Alliance a pour objectif, un projet d’intégration régionale incluant la libre circulation des personnes et l’harmonisation réglementaire. Après le retrait des Etats-Unis, le Chili a souhaité réaffirmer l’importance du maintien du Partenariat Transpacifique (TPP 11) dont il a été un des trois membres fondateurs du traité dès 2002.
Sur le plan bilatéral, la France est le 10éme investisseur étranger. Le stock d’investissements directs est de 3,3 milliards € à fin 2016 (supérieur à la Colombie) et indirects d’environ 8 milliards €. Les trois quarts des entreprises du CAC 40 y ont une présence significative au Chili. 240 filiales d’entreprises françaises (troisième position régionale et seconde en Amérique du sud derrière le Brésil) étaient présentes au Chili en 2017 (contre 160 en 2010, soit une progression de plus de 50% en sept ans). Ces filiales ont réalisé en 2016 un chiffre d’affaires d’environ 5,5 milliards d’€ (dont 1 Md € pour Engie) et employaient près de 48.000 personnes (dont 19.000 pour Sodexo, 1er employeur français du pays). 2éme marché d’exportation de la France en Amérique du sud (975 M€ en 2017 en hausse de 37% par rapport à 2016) derrière le Brésil et devant l’Argentine et la Colombie, le Chili est un pays où les entreprises françaises investissent : par exemple Engie (1er marché d’investissement en Amérique latine avec près de 3 milliards USD d’IDE), EDF (1 milliard de stock, second marché d’investissements dans la zone après le Brésil), ADP-Vinci Airport (investissements actuels et à venir de 1 milliard USD dans la concession de l’aéroport de Santiago), Total Solaire (plus de 500 M€), mais aussi Air Liquide (4 unités de production au Chili), Airbus Hélicopters (centre d’assemblage et de maintenance pour le cône sud), L’Oréal (une unité de production), Lactalis (rachat de 4 unités de production de fromages début 2017 pour 100 MUSD) y développent leurs activités.
Plus que jamais, l’ambition du Chili visant à devenir une plateforme régionale est possible. La France peut jouer un rôle important et à travers elle, implanter l’espace francophone dans un pays qui ne cesse de développer ses partenariats internationaux.

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