3, place de la Coupole, BP 98
94223 Charenton Cedex, France
Langue française

Exclu et inclus

 

 

Voilà une des singularités de la langue française (rassurons-nous, elle n’en manque pas) : si l’on rapproche exclu et inclus, on doit convenir que c’est le premier qui est anormal.

Commençons par inclure. Il provient du latin includere, formé sur claudere, « fermer ». In-claudere c’était donc « fermer à l’intérieur ». Son participe passé était inclusus, qui a donc normalement donné en ancien français inclus. L’s final est donc régulier.

Il l’est également dans des mots apparentés comme reclus et perclus : percluse, elle était recluse.

J’ajouterai que c’est s final était également naturel dans exclus. Ce verbe provenait du latin excludere, c’est-à-dire, on l’a compris, « enfermer à l’extérieur ». L’ancienne langue mettait un s final à exclus, dont le féminin était excluse, forme que l’on rencontre encore chez Racine et La Fontaine.

Alors, que s’est-il passé ? Eh bien perclus, reclus, qui n’étaient plus sentis comme des participes passés mais comme des adjectifs, ont gardé leur forme ; inclus utilisé principalement dans la locution ci-inclus, a fait de même.

En revanche exclu, toujours considéré comme le participe passé d’exclure a été refait sur le modèle des participes ordinaire en –u : perdu, vendu, etc.

Exclu est donc atypique parce qu’il est le participe passé bien vivant d’exclure. C’est comme ça.

Voilà donc pourquoi les taxes sont incluses, et toute protestation exclue.

À propos de l'auteur

Articles

Universitaire, Bernard Cerquiglini fut professeur aux universités de Paris, Bruxelles et Bâton Rouge. Il est l'auteur d'une douzaine d'ouvrages. Haut-fonctionnaire, il dirigea l'Institut national de la langue française et fut délégué général à la langue française et aux langues de France, puis recteur de l'Agence universitaire de la Francophonie. Il présente l'émission quotidienne "Merci professeur" sur TV5Monde et est membre de l'Ouvroir de littérature potentielle (Oulipo).
Publications associées
Langue française

Savoir gré

On rencontre trop souvent, dans la correspondance commerciale ou administrative, l’expression je vous serais gré, construite avec le verbe être, comme si gré était un adjectif.

En savoir plus, lire la suite
Langue française

A la place d’empreint, n’empruntons pas emprunt !

Ne craignons pas d’être un peu puriste. À bon escient du moins.

Je n’aime pas que l’on confonde emprunt et empreint. Une cérémonie n’est pas emprunte d’une grande émotion ; elle en est empreinte.

En savoir plus, lire la suite
Langue française

A bon escient

Ne craignons pas d’être un peu puriste, à bon escient du moins.

Et d’ailleurs en sachant ce que signifie à bon escient, et en l’employant de même.

En savoir plus, lire la suite