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Langue française

A bon escient

Ne craignons pas d’être un peu puriste, à bon escient du moins.

Et d’ailleurs en sachant ce que signifie à bon escient, et en l’employant de même.

Le latin classique utilisait une locution formée d’un pronom personnel suivi de sciente, participe présent du verbe scire « savoir » ; elle signifiait « moi, toi, lui, etc. le sachant ». Cette expression a été empruntée par le français médiéval sous la forme mon, ton, son, etc. escient.

En ancien français escient fonctionnait donc comme un substantif. Il désignait le savoir que l’on a de quelque chose, voire le discernement et la sagesse. En locution on disait agir à son escient, voire à escient tout court, c’est-à-dire « en pleine connaissance de ce que l’on fait ».

L’expression est vieillie. On la rencontrait encore au XIXe siècle ; Proudhon écrit : « Je ne crois pas que les législateurs aient commis à leur escient une spoliation ».

On ne la rencontre plus guère qu’accompagnée de l’adjectif bon. À bon escient signifie alors « avec une bonne et juste connaissance de son acte », c’est-à-dire avec discernement et à propos : parler à bon escient

Il s’agit d’un reliquat. La plupart des emplois d’escient ont disparu, remplacés par un adverbe également issu du latin scire, et qui signifie  « en connaissance de cause » : sciemment.

Employons donc sciemment à bon escient ; et vice-versa.

À propos de l'auteur

Articles

Universitaire, Bernard Cerquiglini fut professeur aux universités de Paris, Bruxelles et Bâton Rouge. Il est l'auteur d'une douzaine d'ouvrages. Haut-fonctionnaire, il dirigea l'Institut national de la langue française et fut délégué général à la langue française et aux langues de France, puis recteur de l'Agence universitaire de la Francophonie. Il présente l'émission quotidienne "Merci professeur" sur TV5Monde et est membre de l'Ouvroir de littérature potentielle (Oulipo).
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