Point de vue des économistes

Le gouvernement d'entreprises

Note de lecture de Jean-Louis Chambon, Président du Prix TURGOT

 LE GOUVERNEMENT d’ENTREPRISE
Les nouveaux enjeux
Revue d’Economie Financière – 130
358 pages – 32 €

Dirigée par Patricia CRIFO et Antoine REBÉRIOUX, professeurs d’Economie, cette nouvelle parution de la REF présente les débats qui se sont faits jour en 2018 autour du plan PACTE pour une réforme ambitieuse de l’Entreprise et de sa gouvernance, suggérée par le Président de la République. De même, les rapports Notat-Senard et Frérot-Hurstel proposaient de réécrire les articles 1832-1833 du Code Civil définissant la Société (comme personne morale).

En savoir plus, lire la suite
Point de vue des économistes

République populaire de Chine et Amérique latine-Caraïbes :

Une relation en forte croissance et à la croisée des chemins

La République populaire de Chine est devenue depuis le début des années 2000 l’un des plus importants partenaires commerciaux des pays d’Amérique latine-Caraïbes (ALC).

Le volume des échanges en marchandises entre la Chine et l’ALC est passé de 10 milliards de dollars pendant la décennie 1990-2000 à près de 266 milliards de dollars en 2017 (1). Cette très forte croissance s’inscrit dans la volonté d’atteindre l’objectif de 500 milliards de dollars d’échanges multilatéraux dès 2025.

La RPC a intégré depuis plusieurs années les spécificités du continent et s’adapte aux évolutions de la région : les relations privilégiées avec le Vénézuéla, l’Argentine se sont désormais doublées de liens avec le Brésil, le Mexique ou le Pérou. En Amérique centrale, le Panama, le Costa Rica et le Nicaragua naturellement ont engagé des relations avec Beijing, renforçant la présence territoriale de la Chine sur le continent.

*Source : Ministère du Commerce de la République populaire de Chine

Les échanges économiques et commerciaux entre les deux régions se sont diversifiés grâce à une série d’accords et de nombreuses rencontres bilatérales (Pérou, Uruguay, Brésil, Argentine et Mexique) qui ont renforcé les relations économiques. Par exemple, en 2016, les investissements chinois en Amérique latine avaient atteint 29,8 milliards de dollars avec une diversification des types d’investissements (notamment dans le domaine des fusions-acquisitions). Le montant des contrats des entreprises d’ingénierie chinoises en Amérique latine avait atteint 19,12 milliards de dollars.

Depuis, les niveaux des investissements n’ont pas cessé de croître.  Les zones de libre échange constituent un secteur qui intéresse particulièrement, les groupes chinois.

La Chine manifeste un intérêt croissant pour l’Amérique latine pour plusieurs raisons : la première est évidemment économique et restent liées aux matières premières et aux ressources énergétiques dont la RPC a besoin pour garantir son niveau de croissance et de consommation. Cet intérêt vise à diversifier leur approvisionnement. En contrepartie, la Chine intensifie ses investissements en Amérique latine, notamment dans l’exploitation minière, les hydrocarbures, comme dans les infrastructures ferroviaires et la sidérurgie à la fois pour alimenter sa consommation intérieure, tout en ouvrant de nouveaux marchés pour ses entreprises. En multipliant ses investissements, la Chine se crée de nouveaux alliés géostratégiques. Elle parvient également à réduire les coûts et délais d’acheminement des matières premières et des ressources énergétiques dont elle a besoin.

Outre le commerce, la RPC est aussi devenue un important investisseur et fournisseur de capitaux sous forme de prêts pour un nombre croissant de pays de l’Amérique latine-Caraïbes. Le montant de ses prêts a pratiquement doublé alors même que le financement des banques de développement occidentales connaissait au contraire une diminution, certes graduelle, mais réelle. Par exemple, en 2010 et en 2015, ils atteignaient respectivement 36 et 29,1 milliards de US dollars. Le montant des prêts concédés par la Chine a dépassé ceux combinés de la Banque mondiale, de la Banque interaméricaine de développement (BID) et de la Corporation andine de développement (CAF). Cette stratégie accompagne la volonté de faire passer le commerce entre la RPC et l’Amérique latine à 500 milliards de dollars d’ici 2025. Cet objectif avait été annoncé lors du sommet de Brasilia en juillet 2014. Depuis, la RPC renforce son objectif de renforcement de présence en invitant les pays du continent à rejoindre son initiative de la route de la soie.

Bien entendu, l’objectif final est d’implanter un « soft power » qui permet à la RPC d’engager une relation sur tous les fronts : diplomatiques, politiques, technologiques. Les sujets relatifs à la sécurité sont restés jusqu’à présent très relatifs mais ils commencent à émerger.

Un exemple de ces avancées chinoises est El Salvador en Amérique centrale. Après le Panama, le Costa Rica et naturellement le Nicaragua, El Salvador a reconnu, durant le mois d’août dernier, la RPC rompant ainsi avec Taiwan. Cette reconnaissance s’est accompagnée d’un débat notamment sur une possible présence chinoise dans la zone de libre échange de Acajutla, qui, dans le nord ouest du pays, compte un port en eau profonde. Avec ce pays, la RPC renforce sa présence dans l’isthme centraméricain qui reste stratégique par sa présence géographique entre le Mexique et l’Amérique du Sud, entre Atlantique et Pacifique.

Des rencontres régulières sur les questions régionales et internationales sont organisées par la RPC  sur tous les sujets d’intérêt commun : la coopération, les questions agricoles, les infrastructures, Business forum, sans parler des rencontres des BRICs organisées par Beijing.

Autant dire que l’Amérique latine est devenue un continent présentant des enjeux de premier plan pour des puissances comme la République populaire de Chine. Une réalité nouvelle qui n’aura de cesse de provoquer des alliances avec des pays voulant rechercher de nouveaux marchés en Amérique latine, tels la Turquie, la Russie ou la Corée et, par ailleurs, des tensions avec des partenaires tout autant présents comme les Etats-Unis et peut être, l’Union européenne.

  1. Source: CEPAL
  2. *Source : Ministère du Commerce de la République populaire de Chine
En savoir plus, lire la suite
Point de vue des économistes

2018 : croissances en soldes…

Comme chaque mois de juillet, nous venons d’affiner nos prévisions économiques pour l’année en cours Et, malheureusement, ces dernières sont à l’image des étiquettes des magasins hexagonaux depuis quelques jours : en soldes.

Certes, la croissance mondiale devrait rester appréciable et avoisiner les 3,2 % en 2018. Néanmoins, si ce niveau semblait être un plancher peu probable il y a encore quelques semaines, il apparaît désormais comme un plafond. Un tel résultat serait donc notablement inférieur aux 3,8 % de 2017, mais aussi au niveau annuel moyen enregistré entre 1980 et 2017, à savoir 3,5 %. Il confirmerait donc qu’après le rebond de l’an passé, l’heure est dorénavant au net ralentissement. Autre problème : après une phase de convergence en 2016-2017, l’évolution du PIB mondial redeviendrait particulièrement disparate, avec des pays émergents toujours en tête, mais avec de fortes amplitudes, des Etats-Unis résistants et une zone euro de nouveau à la traîne.

Comme cela s’observe depuis 2008, le monde dit « émergent » devrait donc continuer de dominer la planète économique en affichant des performances certes ralenties, mais toujours très appréciables. Comme d’habitude, la Chine donnera le « la » et engagera une décélération volontaire, afin d’éviter la surchauffe. En effet, grâce à un yuan régulièrement apprécié (+ 10 % entre le début 2017 et avril 2018, certes suivi d’une dépréciation de 4 % depuis) et à un taux d’intérêt directeur de la Banque Centrale de 4,35 % depuis octobre 2015, la croissance chinoise devrait se stabiliser autour des 6,5 % en 2018, contre 6,9 % en 2017 et une moyenne annuelle de 8,7 % depuis 1995. Ce résultat constituerait même un plus bas depuis 1990. Ce « soft landing » permettra notamment de contenir l’inflation chinoise et de réduire la demande de matières premières, limitant par là même les cours de ces dernières. Ces deux évolutions se traduiront par un apaisement des tensions inflationnistes à travers le monde, pérennisant ainsi une progression du PIB international autour des 3 % sans dérapage inflationniste.

Parallèlement, la croissance annuelle moyenne du PIB indien devrait avoisiner les 6,2 % en 2018, contre 6,3 % en 2017 et 7,8 % en 2015 et 2016. Rien de dramatique, mais la décélération prolongée de la deuxième locomotive de la croissance mondiale (après la Chine) aura forcément des conséquences notables sur l’activité de la région et de la planète. Une situation analogue s’observera au Brésil. Avec une croissance d’environ 1 %, soit un niveau identique à celui de 2017, mais avec un net ralentissement par rapport au glissement annuel de 2,2 % du quatrième trimestre 2017.

Du côté des pays développés, les différences de performances seront également de taille. En fait, seul un pays devrait connaître une augmentation de sa croissance annuelle en 2018, en l’occurrence les Etats-Unis, avec un résultat de 2,5 %, contre 2,3 % l’an passé.

A l’inverse, la croissance japonaise devrait passer de 1,7 % en 2017 à 1 % cette année. De même, après avoir rebondi à 2,6 % en 2017, la croissance de la zone euro devrait repartir en nette baisse en 2018, avec une « performance » d’au mieux 1,9 %. Et ce, d’autant que les crises politiques et sociétales dans la plupart des membres de l’UEM risquent de s’intensifier, engendrant une véritable crise de confiance quant à la capacité de la zone euro à se renforcer voire à perdurer en l’état.

De telles craintes ne manqueront évidemment pas de « titiller » les taux d’intérêt des obligations d’Etat à la hausse, notamment dans les pays du Sud mais aussi en France. Celui des obligations du Trésor français à dix ans pourrait ainsi avoisiner les 1,5 % d’ici l’automne prochain. Une telle tension se traduira notamment par une baisse de 5 à 10 % des prix des logements anciens et par un fort ralentissement de l’investissement des entreprises. Le taux de chômage se stabilisera aux alentours des 9,2 %, limitant les dépenses de consommation déjà bien affaiblies. Dans ces conditions, après avoir atteint 2,3 % en 2017, la croissance hexagonale se repliera vers les 1,5 % en 2018.

A l’échelle de la zone euro, des « performances » similaires seraient obtenues. Certes, l’Allemagne conserverait son leadership, mais elle ralentirait également, réalisant une croissance de 1,9 % l’an prochain, après 2,5 % en 2017. Quant aux autres pays de la zone, tout dépendra de l’étendue de l’instabilité politique et de l’ampleur de réactivation de la crise de la dette publique. Pour autant, même en supposant un apaisement de ces dangers et en faisant l’hypothèse d’un repli de l’euro sous les 1,15 dollar, la croissance ralentira nettement dans tous les pays du Sud de l’Europe.

Ainsi, après un rebond de 1,6 % en 2017, le PIB italien ne progresserait que de 1 % en 2018. Quant à la croissance du PIB espagnol, elle continuerait son ralentissement entamé depuis le sommet de 3,4 % enregistré en 2015, puisqu’après avoir atteint 3,3 % en 2016, puis 3,1 % en 2017, elle devrait retomber à 2,6 % cette année. Une performance à peine supérieure à celle du voisin portugais, dont la croissance devrait reculer à 2 %, contre 2,7 % l’an passé. Quant à la Grèce, elle restera convalescente, avec une croissance équivalente à celle de 2017, autour de 1,3 %.

En d’autres termes, comme en 2017, l’économie eurolandaise restera relativement homogène, mais cette fois-ci vers le bas. Dans ce cadre, à l’instar des évolutions internationales des quinze dernières années (à l’exception notable de 2017), l’UEM et le Japon resteront les lanternes rouges de la croissance mondiale tant en 2018 qu’en 2019 d’ailleurs.

En savoir plus, lire la suite
Point de vue des économistes

Le triangle nord centraméricain : Guatémala-El Salvador-Honduras, une chance régionale ?

L’Amérique centrale a longtemps occupé la une de l’actualité internationale : « point chaud » de la rivalité Est-Ouest dans les années 1980 (Nicaragua, El Salvador, Guatémala), elle a depuis tenté de construire un retour à la stabilité institutionnelle et une unité régionale au travers du Système d’intégration centraméricain (SICA). Aujourd’hui, Une partie de l’actualité internationale porte actuellement sur l’Amérique centrale : au Guatémala, l’éruption du volcan Fuego a fait des ravages dans dans l’ouest du pays. Le Nicaragua traverse une de ses pires crises politiques et sociales depuis les années 1980. Au Salvador, un ancien Président, Mauricio Funes (2009-2014) est accusé d’avoir détourné près de 351 millions de dollars pendant son mandat. L’Amérique centrale est à la fois une terre de migrants,

Fort de ses  522.000 km2, l’isthme centraméricain regroupe 7 Etats : le Guatémala, le Belize (membre du commonwealth), El Salvador, le Honduras, le Nicaragua, le Costa Rica et le Panama.  Avec une une croissance économique régionale avoisinant les 3%, l’Amérique centrale peut être une zone d’investissement et de services entre l’Amérique du sud et le Mexique. Le PIB  des pays centraméricains (hors Panama) s’élève à 185 Mds USD. Si la dimension régionale est importante pour mieux comprendre l’enjeu stratégique de cette partie du monde, il est important de rappeler qu’elle reste hétérogène, chaque pays offrant une réalité différente de son voisin. Les disparités rentent réelles sur le plan de la taille des marchés, des niveaux de développement socio-économique et des opportunités d’affaires.

Le pays centraméricain le plus peuplé reste le Guatemala qui est la première économie de l’Amérique centrale (68 Mds USD en 2016). Le Costa Rica (58 Mds USD), le Panama (55 Mds USD) et El Salvador (26,7 Mds USD) constituent les autres économies importantes de la région.

Le Guatémala, le Honduras, El Salvador ont constitué une union douanière appelée « Triangle nord ». Ensemble, ces pays représentent 30 Millions de personnes, 70% de la population centraméricaine. 9ème économie d’Amérique latine, Le triangle nord en est le 9ème exportateur et le 4ème en manufactures. Les défis économiques et sociaux sont importants dans une région dont 65% de sa population a moins de 29 ans.

Par exemple, sur le plan économique, le faible coût de la main d’œuvre conduit certains pays à se délocaliser en Amérique centrale : les Etats-Unis renforcent leur présence au travers d’ateliers de confection ou d’activités de service qui restent le cœur du savoir faire de la majorité des Etats centraméricains. La Chine commence à s’implanter tandis que l’Union européenne a établi une coopération régionale depuis les premiers accords de San José en 1983.

Un plan d’Alliance pour la prospérité a été mis sur pied par le Triangle nord. Il vise à une approche globale pour assurer les bases d’un développement économique qui intègre un soutien aux entreprises et à l’appareil productif, tout en appuyant un programme de soutien aux institutions afin de créer une stabilité et sécurité favorables au climat des affaires. L’objectif est ambitieux : il vise à favoriser une croissance du PIB entre 2.4 et 3.5%,  générant la création de 600.000 emplois nouveaux.

Cette dynamique est aussi une réponse au problème des migrants, 9% de la population de cette partie de l’Amérique centrale souhaitant partir et rejoindre majoritairement les Etats-Unis. Depuis les années 1980, cette population établie notamment en Amérique du nord participe activement de l’économie de l’Amérique centrale en transférant une partie de leurs revenus, appelés « remesas » qui constituent une source de revenus importants pour ces pays. Ces transferts ont augmenté ces dernières années et ont atteint 5 Mds USD au Salvador, 8,1 Mds USD au Guatemala, et 4,3 Mds USD au Honduras pour l’année 2017.

Le plan d’Alliance pour la Prospérité vise d’ici 2020 à développer la capacité énergétique de l’Amérique centrale tout en la diversifiant. Il s’agit de doubler la capacité d’interconnexion régionale, passant de 300 MW à 600 MW tout en favorisant de nouvelles sources de production d’énergie.

La construction réhabilitation et maintenance de couloirs routiers prioritaires portent sur 1500 km tandis que 4 ports et aéroports sont concernés par un développement des infrastructures et amélioration. Le soutien a près de 180.000  micro et petites entreprises avec la mise en place d’un fonds de soutien de 900 millions de dollars, l’appui et l’aide à l’insertion de 500.000 familles vulnérables, constituent autant d’actions complémentaires d’un plan qui vise à faire du triangle nord le pôle dynamique d’une région qui est placée sous l’œil de l’actualité internationale par son positionnement stratégique entre le Nord et le sud de l’Amérique.

La France, 5ème fournisseur de la région, 7ème client européen tout autant que l’Europe, 3ème partenaire commercial de l’Amérique centrale peuvent renforcer leurs positions en soutenant la volonté du Triangle Nord d’assumer l’objectif pour lequel il a été crée : tirer vers le haut l’économie des pays membres mais également celle de la région centraméricaine.

En savoir plus, lire la suite
Point de vue des économistes

Cuba veut poser les bases de son offre de plateforme économique

L’accession au pouvoir du nouveau Président cubain, M. Miguel DIAZ-CANEL BERMUDEZ vient de placer Cuba sous les feux de l’actualité. Le processus engagé qui accompagne une évolution politique sur le long terme doit cependant se poursuivre avec une volonté de rendre le pays attractif pour les entreprises. Des réformes ont été engagées dès 2010 comme l’autorisation de micro entreprises dans 500 métiers. La création de la zone franche au port de Mariel est emblématique de l’ambition cubaine d’en faire à terme le « hub régional » des Caraïbes.

Même si Cuba reste la première économie régionale des Caraïbes, les défis sont de taille : sur le plan de l’agriculture, du numérique, de l’ouverture économique. La Havane met désormais l’accent sur certains secteurs d’activités : le tourisme, l’énergie renouvelable, la santé, le développement urbain, les transports, le secteur agro-alimentaire. Le maintien de la double monnaie, le CUC et le péso reste un handicap économique et renforce un système à deux vitesses. Le nouveau Président sait bien qu’il lui faudra, à terme, s’atteler à ce problème économique majeur.

Au niveau bilatéral, une déclaration conjointe sur la reprise de la coopération a été signée à la Havane le30 Novembre 2010.

Pour autant, l’économie cubaine reste toujours fragile, dépendante de différents secteurs clés exportateurs qui permettent de financer son modèle socio-économique. Affectée par les difficultés que traverse son plus grand partenaire, le Venezuela, Cuba doit faire face à une contrainte de liquidités qui a provoqué en 2016 la première récession depuis 25 ans (évolution de -0,9% du PIB). Les autorités ont cependant annoncé une reprise dès 2017 avec 2% de croissance. Mais il lui faudrait parvenir à 7% pour enclencher une dynamique de développement soutenu.

L’annonce historique d’un rétablissement des relations diplomatiques avec les Etats-Unis en 2014, l’assouplissement de l’embargo qui s’en est suivi et le fort intérêt des investisseurs étrangers pour ce pays aux côtés de l’essor considérable du tourisme depuis quelques années, offrent cependant des perspectives encourageantes. Malgré le durcissement de Washington depuis 2017, le niveau des « remesas », des flux financiers émanant de la communauté cubaine établie à l’étranger, principalement aux USA, reste élevé : plus de 3 Mds€ par an. Le premier poste de revenus est constitué du « prêt » des médecins dans le monde (60.000), procurant près de 6 Mds €/an. Mais, la complexité du cadre macroéconomique, les difficiles conditions de financements continuent d’être des entraves à l’installation des entreprises étrangères.

La relation entre la France et Cuba s’est renforcée sur le plan économique ces dernières années, notamment grâce au le soutien français dans la conclusion d’un accord sur la dette cubaine à moyen et long terme avec le groupe de créanciers du Club de Paris, le 12 Décembre 2015, autorisant l’accès à de nouveaux investissements internationaux. Les entreprises françaises manifestent un intérêt certain pour le marché cubain.

Chaque événement bilatéral constitue d’ailleurs l’occasion aux entreprises nationales, de rappeler leur présence. Le volume des exportations françaises vers Cuba avoisine 150 M€. Les investissements français à Cuba représentés par une trentaine de bureaux de représentation notamment Bouygues Bâtiment international, Accor, Pernod Ricard, Air France, Comptoir des Caraïbes, Havana Club, Total, Alcatel, offrent un socle solide à cette relation. Une feuille de route économique conjointe définit le cadre et les secteurs prioritaires (tourisme, santé, énergie, développement urbain, transports, agro-alimentaire) de la relation bilatérale et des actions françaises.

L’Agence française de développement est mobilisée pour soutenir des projets identifiés et par la mise en place des financements pour appuyer les investissements que feront les entreprises françaises . La France fait partie des 10 premiers partenaires économiques de Cuba, l’Union européenne étant pour sa part le premier partenaire commercial de La Havane, avec 22% des échanges commerciaux en étant au 1er rang pour les importations cubaines et 2ème rang pour les exportations.

La relation avec la France se développe également à travers des échanges scientifiques et universitaires notamment dans les domaines des biotechnologies, de l’agronomie, de l’environnement, de la médecine, des sciences exactes et de l’ingénierie. L’enseignement et la diffusion de la langue française s’appuient sur les Alliances françaises de la Havane et de Santiago, seuls centres culturels étrangers autorisés et très fréquentés avec près de 10.000 élèves dans la capitale. Cette promotion francophone se vérifie dans le cadre de la promotion d’une présence de qualité lors des événements culturels comme la biennale d’art contemporain, le Festival international de théâtre, le Festival du film français de Cuba.

Ces axes assurent une présence permanente établie, offrant autant de garanties à une relation bilatérale qui exige de s’inscrire dans la durée pour compter non seulement dans le cadre de la relation bilatérale mais également pour renforcer une présence régionale.

En savoir plus, lire la suite