Point de vue des économistes

Grèves : quels coûts pour la France ?

Comme cela était malheureusement prévisible, nous re-voilà donc dans un cauchemar qui se rapproche de plus en plus de celui de 1995 : incertitude, attente sur les quais, entassement dans des rames bondées, agressivité des usagers, embouteillages monstres aux abords et au sein des grandes villes, mais aussi baisse de l’activité, commerces désertés, retard dans les livraisons, baisse du moral des ménages et des chefs d’entreprise…

Autrement dit, si l’on voulait casser le peu de croissance qui existe encore dans l’Hexagone, on ne se serait pas pris autrement.

Sans vouloir polémiquer, rappelons simplement qu’un jour de grève nationale représente un coût proche de 2 milliards d’euros,

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Langue française

Un emploi inopportun d’opportunité

L’emploi du mot opportunité au sens d’« occasion » est devenu courant, notamment dans la langue des affaires ; il est néanmoins regrettable.En latin, l’adjectif opportunus, formé sur ob (vers) et portus (le port) qualifiait le vent. Il désignait un vent qui vous pousse vers le port, et est donc particulièrement favorable et utile.
Au XIVe siècle, le français a calqué sur le latin opportunus l’adjectif opportun, qui signifie: « ce qui est bienvenu, favorable, et qui convient ».
Ont dit depuis : il est opportun, ou peu opportun, de prendre une décision ; telle action fut faite en temps opportun.
À partir de cet adjectif on a dérivé l’adverbe opportunément (arriver fort opportunément), le substantif opportuniste (celui qui, généralement en politique, cherche l’occasion favorable), et surtout le substantif opportunité. Ce dernier mot signifie: « caractère de ce qui est opportun », et plus généralement « occasion favorable ».
C’est bien ce sens de faveur qui spécifie le mot opportunité. Il est par là synonyme d’à propos ou de convenance. On juge de l’opportunité d’une action, on a le sens de l’opportunité (on sait d’instinct ce qu’il convient de faire).
Toutefois, sous l’influence de l’anglais opportunity dont la signification est générale, opportunité devient synonyme d’une simple occasion : j’ai l’opportunité de partir dès demain.
C’est perdre le lien avec l’adjectif opportun que, pour ma part je sens encore très fortement dans opportunité.
Au sens ordinaire, pourquoi ne pas utiliser tout simplement possibilité, perspective, occasion ? Sauvegardons la spécificité du mot opportunité : cela me semble très opportun.

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Tendances économiques

Les grands absents

Le 1er Janvier 2018, le nouveau Secrétaire général de l’OMT (L’Organisation Mondiale du Tourisme des Nations unies) vient de prendre ses fonctions. Il s’agit de Zurab Pololikashvili (géorgien). Il a été désigné pour quatre ans, le 14 septembre 2017, à Chengdu en Chine, lors de la vingt-deuxième Assemblée générale. Il a été notamment Ministre du développement économique, Ministre-adjoint des Affaires étrangères et Ambassadeur en Espagne, au Maroc, en Algérie et en Andorre. Il parle plusieurs langues dont le français. Il succède à Taleb Rifaï (Jordanien) qui a dirigé remarquablement l’OMT pendant 8 ans, après avoir été réélu à l’unanimité des pays membres pour son deuxième mandat.

C’est l’occasion de faire un point sur cette institution internationale et de se demander quelle y est la place de la Francophonie.

L’OMT regroupe 163 pays et territoires et environ 500  membres affiliés représentant le secteur privé, des établissements d’enseignement, des associations et des autorités touristiques locales. Son siège est à Madrid. L’OMT existe depuis 1975 et est une institution spécialisée des Nations Unies depuis 2002. Elle est la principale organisation internationale dans son domaine de compétence et travaille désormais en liaison étroite avec la Commission européenne, l’OCDE, le PNUE et l’UNESCO. Ses langues officielles sont l’anglais, l’arabe, l’espagnol, le français, le russe, et bientôt le chinois.

L’OMT fait progresser la réflexion commune sur le Tourisme. Elle contribue à l’enrichissement et au partage des informations statistiques, des analyses prospectives et des échanges de bonnes pratiques. Elle produit des études de très grande qualité  et réunit plusieurs fois par an les principaux décideurs, publics et privés du secteur.

L’OMT a su aussi mobiliser ses membres pour faire prendre conscience au niveau mondial de l’importance économique du Tourisme et le faire inscrire dans les agendas globaux. Notamment dans le cadre des T20, réunions informelles, depuis 2010, des ministres du Tourisme des pays du G20. Dès juin 2012, grâce au lobbying de l’OMT  et du gouvernement mexicain, le Tourisme a enfin été cité pour la première fois dans une déclaration finale du G20. L’Assemblée générale des Nations Unies a ensuite approuvé de proclamer 2017 « Année internationale du Tourisme durable pour le Développement ».

L’OMT joue un rôle central en particulier dans la promotion du développement du Tourisme responsable, durable et accessible à tous, en veillant tout particulièrement aux intérêts des pays en développement. Elle s’est engagée pour que soient atteints les objectifs du Millénaire des Nations-Unies pour le développement, conçus pour faire reculer la pauvreté. Le Comité d’aide au Développement de l’OCDE, qui réunit trente des principaux pays donateurs, a ajouté l’OMT à la liste des Organisations internationales éligibles à l’AOD en août 2017. L’Assemblée générale de septembre 2017 a par ailleurs converti le Code mondial d’éthique du tourisme en une Convention internationale. C’est une étape historique qui va permettre de garantir que l’expansion du tourisme se fera dans le plus grand respect du développement durable, des problèmes sociaux, de l’épanouissement des communautés locales et d’une meilleure compréhension entre les cultures sans négliger les aspects économiques.

Mais la voix de la Francophonie est absente : La moitié des pays Membres de la Commission pour l’Afrique sont francophones mais le Président et les deux Vice-Présidents sont anglophones. Sa prochaine réunion annuelle aura lieu en juin 2018 au Nigéria.

Plus de 90 % des Membres affiliés sont hispanophones ou anglophones, donc la présidence, les deux vice-présidences et les onze membres du Bureau également. Le seul Forum international consacré aux opportunités d’investissements et d’affaires pour l’Afrique dans le secteur du Tourisme, INVESTOUR, va être organisé par l’Espagne, pour la huitième année consécutive, le 18 janvier 2018, dans le cadre de la FITUR, le plus grand Salon international du Tourisme qui accueille tous les ans plus de 200 000 visiteurs, dont la moitié sont des professionnels, et plus de 150 Ministres du Tourisme…

Pourtant l’OMT prévoit que les arrivées de touristes internationaux en Afrique vont passer de 58 millions à 134 millions d’ici à 2030. Le mois de janvier est celui des vœux et des bonnes résolutions. Souhaitons que le Tourisme francophone prenne conscience qu’il peut lui aussi exister pour bénéficier de cette croissance exceptionnelle avant qu’il ne soit trop tard.

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Tendances économiques

Une nouvelle étape pour l'OMT pour l'Afrique

Lors de l’ITB de Berlin, l’un des deux plus grands Salons internationaux du Tourisme, le 8 mars, les Ministres africains ont donné une nouvelle impulsion au programme d’action de l’OMT pour l’Afrique pour les quatre prochaines années. Le document final sera adopté lors de la réunion de sa Commission Afrique du 4 au 6 Juin prochain à Abuja au Nigeria.

Ce fut l’occasion de rappeler que les arrivées de touristes internationaux ont augmenté de 8% en Afrique en 2017, pour la deuxième année consécutive, donc à un rythme supérieur à la moyenne mondiale. Ce chiffre est d’autant plus important que, du fait de sa transversalité, le Tourisme est un levier précieux de développement, global et intégré pour tous ses territoires. A condition bien sûr d’être géré dès le départ sur un mode durable du point de vue économique, social et environnemental.

Les participants venus de 17 pays (dont 14 ministres) se sont mis d’accord sur une méthode et un programme d’action dont les principaux points sont notamment la connectivité, la réduction de la pauvreté, l’éducation, le renforcement des compétences, les changements climatiques, la biodiversité et les financements. Ils se sont engagés à sensibiliser l’ensemble des acteurs économiques de leurs pays à l’ampleur de l’impact de ce secteur sur les autres « afin d’élever le Tourisme au rang de priorité d’action nationale ». Une nouvelle réflexion a également été engagée sur ce que pourrait être la « Marque Afrique ».

Déjà à Madrid, le 18 janvier, lors de la FITUR, l’autre grand Salon international du Tourisme, INVESTOUR avait réuni près de 30 Ministres africains du Tourisme dans un Forum unique au monde sur les investissements et les opportunités d’affaires en Afrique dans le secteur du Tourisme. Il est organisé tous les ans depuis 9 ans par l’OMT, Casa Africa et la FITUR et structuré autour de deux tables rondes et des rencontres interentreprises.

Cette année, 42 projets ont été présentés. Les acteurs publics et privés espagnols étaient très nombreux. La Chine était également très présente grâce à son nouveau programme « OMT/Chimelong » sur la conservation de la vie sauvage et le Tourisme.

Ces opportunités d’affaires concernaient 15 pays dont 10 francophones, mais les Français étaient absents, comme tous les ans.

Cependant il n’est jamais trop tard : La liste des projets peut être consultée sur le Site d’INVESTOUR 2018 à la rubrique « Catalogue of projects ».

Et il y aura un dixième forum dans la prochaine FITUR de Janvier 2019.

Il suffira de s’inscrire.

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Point de vue des économistes

Le Chili veut se transformer en une plateforme économique régionale

La solidité économique du Chili permet au nouveau Président, M. Sébastian PINERA, d’affirmer la volonté de faire du chili une plateforme économique régionale. Membre de l’OCDE, le Chili dispose d’une économie libérale et marquée par le multilatéralisme.
Considérée comme l’une des plus développées des grands pays d’Amérique latine (PIB de 259 Milliards USD en 2017 derrière le Brésil, le Mexique, l’Argentine et au même niveau que la Colombie, le Chili voit ses indicateurs macroéconomiques virer durablement au vert.
Son PIB par habitant est le plus élevé de la région andine. Il est de plus de 14.000 USD (le double de la Colombie et du Pérou). Le Chili est porté par une évolution très favorable des termes de l’échange depuis le début des années 2000. Il a enregistré des performances importantes ces dernières années, avec 4,9% de croissance en moyenne sur la période 2000-2013, supérieures à la moyenne latino-américaine.
Si la croissance s’était ralentie entre 2014 et 2016 pour avoisiner 2% après un ajustement du prix du cuivre (qui représente la moitié de ses exportations), le FMI a annoncé une croissance de 1,7% en 2017 avant un rebond plus net de 3% en 2018 et 3,2% en 2019.

Cette réalité offre au Président PINERA et à ses ministres du pôle économique, parmi lesquels l’excellent Ministre de l’économie et des finances, M. Felipe LARRAIN, l’opportunité de s’inscrire dans la durée et d’offrir à ses partenaires le schéma d’une plateforme régionale.
Le Chili est un pays très marqué par une approche multilatérale. Marché latino-américain et nord américain, Asie-Pacifique, Europe sont les zones habituelles de ses exportations.
Son ouverture commerciale le distingue dans la région, situation renforcée par un climat des affaires attractif et une gestion saine de ses finances publiques. Malgré un creusement du déficit public ces dernières années (-2,9% en 2016), les finances publiques demeurent saines. La dette publique chilienne a atteint 24 % du PIB en 2016 (restant la plus faible du continent latino-américain).
Cette position est consolidée par les avoirs accumulés dans les fonds souverains (fonds de stabilisation alimenté par les recettes du cuivre, et modèle chilien de retraite par capitalisation représentant 95% du PIB). La dette extérieure brute du Chili a atteint 65% du PIB en 2017 . Elle reste largement dominée par la dette des agents privés et des entreprises ( au ¾). Les pressions inflationnistes de 2014 et 2015 se sont atténuées en 2016 (hausse de 2,7%) et 2017 (2,5%) avec une anticipation de 2,4% en 2018.
Sur le plan structurel, le Chili fait face au défi de diversifier ses exportations (le secteur minier capte encore plus de la moitié des IDE). Le taux d’investissement total se situait en moyenne autour de 24% du PIB entre 2011 et 2015, mais autour de 18% en excluant le secteur minier, un chiffre encore peu élevé pour un pays émergent.

La solidité de la position extérieure du Chili est reflétée par sa notation souveraine, AA3 par Moody’s, A+ par S&P et A par Fitch, la plus élevée en Amérique latine. Il jouit également de l’un des plus bas taux de pauvreté du sous-continent (8,9%). Cependant, il reste encore le pays de l’OCDE le plus inégalitaire.
L’économie chilienne est très ouverte aux marchés extérieurs. La part asiatique et Pacifique se taille la part du lion : l’APEC, (Etats-Unis inclus), représentent 69% de ses exportations. 28,5% se font avec la Chine, 8,5% vers le Japon et 6,9% vers la Corée du sud. L’Union européenne représente 12,6% de ses débouchés.
Le Chili est marqué par sa position favorable à la défense du multilatéralisme. Il a signé 26 accords de libre-échange avec 64 économies (représentant 85% du PIB mondial). Il a par exemple, conclu, avec l’Union européenne à partir de 2002, un accord d’association en Amérique latine qui a permis le doublement des échanges entre les deux blocs.
L’Union européenne et le Chili sont convenus de le moderniser en 2018 (1er round de négociation engagé en Janvier dernier).
Autre champ d’action privilégié par le Chili, l’Alliance du Pacifique. Elle regroupe 4 pays latino-américains de la façade pacifique (Chili, Pérou, Colombie et Mexique représentant 40% du PIB du sous-continent). La France en est membre observateur. Cette Alliance a pour objectif, un projet d’intégration régionale incluant la libre circulation des personnes et l’harmonisation réglementaire. Après le retrait des Etats-Unis, le Chili a souhaité réaffirmer l’importance du maintien du Partenariat Transpacifique (TPP 11) dont il a été un des trois membres fondateurs du traité dès 2002.
Sur le plan bilatéral, la France est le 10éme investisseur étranger. Le stock d’investissements directs est de 3,3 milliards € à fin 2016 (supérieur à la Colombie) et indirects d’environ 8 milliards €. Les trois quarts des entreprises du CAC 40 y ont une présence significative au Chili. 240 filiales d’entreprises françaises (troisième position régionale et seconde en Amérique du sud derrière le Brésil) étaient présentes au Chili en 2017 (contre 160 en 2010, soit une progression de plus de 50% en sept ans). Ces filiales ont réalisé en 2016 un chiffre d’affaires d’environ 5,5 milliards d’€ (dont 1 Md € pour Engie) et employaient près de 48.000 personnes (dont 19.000 pour Sodexo, 1er employeur français du pays). 2éme marché d’exportation de la France en Amérique du sud (975 M€ en 2017 en hausse de 37% par rapport à 2016) derrière le Brésil et devant l’Argentine et la Colombie, le Chili est un pays où les entreprises françaises investissent : par exemple Engie (1er marché d’investissement en Amérique latine avec près de 3 milliards USD d’IDE), EDF (1 milliard de stock, second marché d’investissements dans la zone après le Brésil), ADP-Vinci Airport (investissements actuels et à venir de 1 milliard USD dans la concession de l’aéroport de Santiago), Total Solaire (plus de 500 M€), mais aussi Air Liquide (4 unités de production au Chili), Airbus Hélicopters (centre d’assemblage et de maintenance pour le cône sud), L’Oréal (une unité de production), Lactalis (rachat de 4 unités de production de fromages début 2017 pour 100 MUSD) y développent leurs activités.
Plus que jamais, l’ambition du Chili visant à devenir une plateforme régionale est possible. La France peut jouer un rôle important et à travers elle, implanter l’espace francophone dans un pays qui ne cesse de développer ses partenariats internationaux.

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