Langue française

Fortune


Il y a parfois de l’optimisme dans la langue. Le cas n’est pas fréquent ; raison de plus pour le souligner, dans un domaine qui concerne directement le Forum francophone des affaires.

Le mot fortune en est un bon exemple. Il est issu du latin Fortuna, la divinité qui présidait à la destinée humaine. Fortune a donc d’abord signifié « le destin », qu’il soit bon ou mauvais. Dans l’ancienne langue le mot est synonyme de heur,

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Tendances économiques

Perspectives

Selon la publication du 27 août dernier de l’Organisation Mondiale du Tourisme des Nations unies (OMT), « Les faits saillants du Tourisme », les prévisions de juin ont été revues à la hausse : Les arrivées des touristes internationaux ont augmenté de 7% en 2017.et les recettes ont augmenté de 5%. Les exportations générées par le Tourisme ont atteint 1 600 milliards de $EU, faisant du Tourisme la troisième plus importante catégorie d’exportation dans le monde. C’est la progression la plus forte depuis 2010.

Les données disponibles pour le début de 2018 confirmeraient une augmentation annuelle de 6% des arrivées entre janvier et avril.

L’Afrique arrive en tête du tableau avec une augmentation de 9% des arrivées internationales, et de 8% des recettes.

L’Afrique du nord : + 15% d’arrivées (dont + 23% pour la Tunisie) et + 10% de recettes. L’Afrique subsaharienne : + 6% d’arrivées et + 7% de recettes. Les destinations les plus performantes en 2017 sont le Kenya, la Côte d’Ivoire, le Zimbabwe, le Cap vert, l’Ile Maurice, les Seychelles et l’Afrique du sud, 35ème destination mondiale en termes de recettes.

Les données par pays sont disponibles dans cette étude : « AM Regional Report: Volume four. Tourism in Africa, a tool for Development », accessible en ligne  www2.unwto.org/fr/node/44034 

La Banque mondiale avait déjà souligné en 2015 que la forte croissance économique et la nette amélioration du climat des affaires en Afrique ouvrait de nouvelles perspectives pour les entreprises internationales. Les opportunités d’affaires sont en effet très nombreuses, surtout dans les nouvelles destinations, où tous les secteurs sont impactés en plus des équipements strictement touristiques : infrastructures, transports, gestion de l’énergie et des déchets, aménagements de ports et d’aéroports, restauration de patrimoines bâtis, aménagements paysagers, agriculture et agro-alimentaire, santé et bien-être, formation professionnelle, conseil etc…

L’Espagne l’a bien compris et organise depuis 10 ans le seul forum touristique international sur les investissements et les opportunités d’affaires en Afrique, INVESTOUR, en partenariat avec l’OMT, à Madrid, dans le cadre de la FITUR (le plus grand Salon international du Tourisme).

L’an dernier il a réuni une vingtaine de ministres africains du Tourisme. Depuis sa première édition en 2010, 1 500 participants de 46 pays africains y ont participé et plus de 900 projets y ont été présentés.

Mais je n’y ai croisé que très peu de Français et je n’y ai entendu que des intervenants anglophones ou hispanophones… En revanche, ces cinq dernières années, le nombre d’entreprises espagnoles implantées en Afrique subsaharienne a été multiplié par 7.

Le prochain Forum aura lieu le 24 janvier 2019. Pour de plus amples informations et pour s’inscrire : il suffit de les contacter : investour@unwto.org

Du 27 au 29 mars 2019 c’est le « Tourisme et le transport aérien en Afrique » qui fera l’objet de la première Conférence ministérielle OMT/OACI (L’Organisation de l’aviation civile internationale), à Santa Maria, Sal Island, à l’invitation du Gouvernement de la République du Cap-Vert.

Les détails des inscriptions et les documents de travail de la conférence pourront être prochainement téléchargés sur le lien suivant:  http://africa.unwto.org/fr/event/premiere-conferenceministerielle-omt-oaci-sur-le-tourisme-et-le-transport-aerien-en-afrique

A noter que le premier investissement pour connaitre ces opportunités d’affaires est très modeste, en coût et en temps, après la lecture de ces quelques lignes : Deux clics…

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Langue française

Talent


Se doute-t-on que l’histoire du mot talent, « aptitude particulière et remarquable », est liée à l’économie ?

Très courant en ancien français, ce mot, jusqu’au XVIe siècle, a désigné le désir. On disait en faire à son talent pour « agir à sa guise » ; on atalentait la personne aimée, ce qui est charmant.

Il est issu du latin talentum, qui désigne une masse métallique, un poids, et provient lui-même du grec talanton, le plateau de la balance. Ce poids fait pencher le plateau ; talent signifie donc proprement l’inclination.

D’où vient le sens moderne, tout autre ? Il faut supposer une histoire assez curieuse. Le mot talentum, poids, désignait aussi une masse d’argent et par suite une monnaie : le talent. Il était utilisé par le latin d’Église à propos de la fameuse parabole évangélique des talents. Un maître parti en voyage a confié des talents à ses trois serviteurs. L’un, par prudence, les a cachés en terre ; les deux autres les ont fait fructifier : ce sont « les bons serviteurs », que le maître félicite à son retour. Cette apologie du capitalisme naissant fut si souvent racontée au Moyen Âge que talentum, et par suite le français talent, prirent le sens de « ce que la nature vous a confié et que vous avez su développer ».  On se mit à dire : savoir employer son talent.  En d’autres termes ses dons et aptitudes naturelles.

C’est donc un récit évangélique qui a changé du tout au tout la signification du mot talent. Le sens monétaire, accompagné d’une conception dynamique (et féconde) de l’investissement et de son appréciation morale, est devenu hégémonique. Ce talent, si j’ose dire, a fait fortune

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Point de vue des économistes

2018 : croissances en soldes…

Comme chaque mois de juillet, nous venons d’affiner nos prévisions économiques pour l’année en cours Et, malheureusement, ces dernières sont à l’image des étiquettes des magasins hexagonaux depuis quelques jours : en soldes.

Certes, la croissance mondiale devrait rester appréciable et avoisiner les 3,2 % en 2018. Néanmoins, si ce niveau semblait être un plancher peu probable il y a encore quelques semaines, il apparaît désormais comme un plafond. Un tel résultat serait donc notablement inférieur aux 3,8 % de 2017, mais aussi au niveau annuel moyen enregistré entre 1980 et 2017, à savoir 3,5 %. Il confirmerait donc qu’après le rebond de l’an passé, l’heure est dorénavant au net ralentissement. Autre problème : après une phase de convergence en 2016-2017, l’évolution du PIB mondial redeviendrait particulièrement disparate, avec des pays émergents toujours en tête, mais avec de fortes amplitudes, des Etats-Unis résistants et une zone euro de nouveau à la traîne.

Comme cela s’observe depuis 2008, le monde dit « émergent » devrait donc continuer de dominer la planète économique en affichant des performances certes ralenties, mais toujours très appréciables. Comme d’habitude, la Chine donnera le « la » et engagera une décélération volontaire, afin d’éviter la surchauffe. En effet, grâce à un yuan régulièrement apprécié (+ 10 % entre le début 2017 et avril 2018, certes suivi d’une dépréciation de 4 % depuis) et à un taux d’intérêt directeur de la Banque Centrale de 4,35 % depuis octobre 2015, la croissance chinoise devrait se stabiliser autour des 6,5 % en 2018, contre 6,9 % en 2017 et une moyenne annuelle de 8,7 % depuis 1995. Ce résultat constituerait même un plus bas depuis 1990. Ce « soft landing » permettra notamment de contenir l’inflation chinoise et de réduire la demande de matières premières, limitant par là même les cours de ces dernières. Ces deux évolutions se traduiront par un apaisement des tensions inflationnistes à travers le monde, pérennisant ainsi une progression du PIB international autour des 3 % sans dérapage inflationniste.

Parallèlement, la croissance annuelle moyenne du PIB indien devrait avoisiner les 6,2 % en 2018, contre 6,3 % en 2017 et 7,8 % en 2015 et 2016. Rien de dramatique, mais la décélération prolongée de la deuxième locomotive de la croissance mondiale (après la Chine) aura forcément des conséquences notables sur l’activité de la région et de la planète. Une situation analogue s’observera au Brésil. Avec une croissance d’environ 1 %, soit un niveau identique à celui de 2017, mais avec un net ralentissement par rapport au glissement annuel de 2,2 % du quatrième trimestre 2017.

Du côté des pays développés, les différences de performances seront également de taille. En fait, seul un pays devrait connaître une augmentation de sa croissance annuelle en 2018, en l’occurrence les Etats-Unis, avec un résultat de 2,5 %, contre 2,3 % l’an passé.

A l’inverse, la croissance japonaise devrait passer de 1,7 % en 2017 à 1 % cette année. De même, après avoir rebondi à 2,6 % en 2017, la croissance de la zone euro devrait repartir en nette baisse en 2018, avec une « performance » d’au mieux 1,9 %. Et ce, d’autant que les crises politiques et sociétales dans la plupart des membres de l’UEM risquent de s’intensifier, engendrant une véritable crise de confiance quant à la capacité de la zone euro à se renforcer voire à perdurer en l’état.

De telles craintes ne manqueront évidemment pas de « titiller » les taux d’intérêt des obligations d’Etat à la hausse, notamment dans les pays du Sud mais aussi en France. Celui des obligations du Trésor français à dix ans pourrait ainsi avoisiner les 1,5 % d’ici l’automne prochain. Une telle tension se traduira notamment par une baisse de 5 à 10 % des prix des logements anciens et par un fort ralentissement de l’investissement des entreprises. Le taux de chômage se stabilisera aux alentours des 9,2 %, limitant les dépenses de consommation déjà bien affaiblies. Dans ces conditions, après avoir atteint 2,3 % en 2017, la croissance hexagonale se repliera vers les 1,5 % en 2018.

A l’échelle de la zone euro, des « performances » similaires seraient obtenues. Certes, l’Allemagne conserverait son leadership, mais elle ralentirait également, réalisant une croissance de 1,9 % l’an prochain, après 2,5 % en 2017. Quant aux autres pays de la zone, tout dépendra de l’étendue de l’instabilité politique et de l’ampleur de réactivation de la crise de la dette publique. Pour autant, même en supposant un apaisement de ces dangers et en faisant l’hypothèse d’un repli de l’euro sous les 1,15 dollar, la croissance ralentira nettement dans tous les pays du Sud de l’Europe.

Ainsi, après un rebond de 1,6 % en 2017, le PIB italien ne progresserait que de 1 % en 2018. Quant à la croissance du PIB espagnol, elle continuerait son ralentissement entamé depuis le sommet de 3,4 % enregistré en 2015, puisqu’après avoir atteint 3,3 % en 2016, puis 3,1 % en 2017, elle devrait retomber à 2,6 % cette année. Une performance à peine supérieure à celle du voisin portugais, dont la croissance devrait reculer à 2 %, contre 2,7 % l’an passé. Quant à la Grèce, elle restera convalescente, avec une croissance équivalente à celle de 2017, autour de 1,3 %.

En d’autres termes, comme en 2017, l’économie eurolandaise restera relativement homogène, mais cette fois-ci vers le bas. Dans ce cadre, à l’instar des évolutions internationales des quinze dernières années (à l’exception notable de 2017), l’UEM et le Japon resteront les lanternes rouges de la croissance mondiale tant en 2018 qu’en 2019 d’ailleurs.

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Langue française

Pérenne

La langue des affaires a ses modes, elle aussi. Depuis quelque temps, elle utilise beaucoup l’adjectif pérenne : on parle d’un investissement ou d’un contrat pérenne.
Cet adjectif étrange (il a au masculin une forme de féminin) se rencontre pour la première fois chez Montaigne. Dans ses Essais, celui-ci parle du monde comme d’une branloire  pérenne, c’est-à-dire comme une agitation perpétuelle.
Montaigne a emprunté cet adjectif au latin perennis, lui-même est issu de per + annus « qui dure toute l’année ».
C’est le sens propre de pérenne que l’on rencontre par exemple en botanique (un feuillage pérenne ne tombe pas ; c’est le contraire de saisonnier) ou en hydrologie (un cours d’eau pérenne ne tarit pas, même en saison sèche ; c’est alors le contraire d’intermittent).
Du sens de « qui dure tout au long de l’année » on passe aisément, comme l’a fait Montaigne, à celui de « permanent »,
Jusqu’ici, cet adjectif était moins fréquent que le substantif pérennité (XVIIe siècle), « caractère de ce qui dure très longtemps », et moins fréquent encore que le verbe pérenniser. Ce verbe qui date du XVIe siècle est très courant dans la langue économique et administrative ; il est synonyme de titulariser : on pérennise des emplois, un financement, une subvention.
Et c’est bien là, semble-t-il que l’on est allé chercher pérenne. Celui-ci forme en effet un couple très simple avec pérenniser : le premier est l’effet du second.
Pérenne ? Pourquoi pas. Acceptons-le, ne serait-ce que par tendresse pour Michel de Montaigne. Mais rappelons-nous que permanent, perpétuel, durable, constant ne sont pas mal non plus.

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