Point de vue des économistes

Voulons-nous (sérieusement) changer le monde ?

Par Bertrand BADRÉ – Mamee Éditions – 200 pages

La crise du Covid est pour l’auteur « une formidable occasion « … de remettre à plat le système économique et monétaire et « la façon de le financer… » S’appuyant sur sa riche expérience, tant du  secteur privé que public, comme sur ses valeurs (fortes) et avec un optimisme chevillé au cœur, Bertrand Badré  s’attache à proposer ce qui ressemble en tous points à une  feuille de route  pour nous convaincre de prendre la «bonne  direction». Toutefois, il ne renie en rien ses fondamentaux : «je continue de penser que l’économie de marché qui permet de confronter une offre et une demande,

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Point de vue des économistes

Les entrepreneurs de légende français

Par Sylvain BERSINGER – Enricks B éditions – 139 pages

Les précédentes parutions de ce jeune auteur, économiste d’à peine 30 ans, ont été remarquées à la fois par leur capacité de vulgarisation et leur sens de la pédagogie aussi rares que précieux dans notre pays où la culture économique  reste très loin de constituer un de nos points forts. 

Tel fut le cas avec « L’Economie en clair »  parue chez Ellipses et «  l’Entreprise » éditée chez l’Harmattan.

Ce nouvel essai constitue l’autre élément d’une trilogie qui a débuté avec « les Entrepreneurs de légende » et suivie « des Entrepreneurs atypiques ». Il prolonge ainsi par une focalisation sur l’histoire économique française sa présentation des aventures entrepreneuriales tricolores.

Au fil des pages se dessine une large palette d’inventeurs et d’innovateurs dans  des domaines très différents : de Louis Vuitton le pionnier du luxe, aux  frères  Michelin champions des pneumatiques, en passant par Pathé et Gaumont les  grands rivaux qui ont permis à Paris pendant un temps de devenir la capitale du cinéma…

Ce que montre l’auteur, c’est l’extrême diversité des profils,  des scientifiques de  formation, mais aussi d’autres sans bagages scolaires mais compensant leur handicap par du  flair, de l’audace et le sens des affaires. Idem pour l’origine sociale, très modeste pour Chanel, riche héritier pour Dior ; de même certains ont  créé leur entreprise de toutes pièces comme Pathé, tandis que d’autres, comme Armand Peugeot ou les frères Michelin ont avant tout donné une impulsion nouvelle à l’entreprise dont ils avaient hérité. Ces magnifiques succès dont le Cac 40 est le témoin ne sauraient occulter les échecs de nombreux projets de  candidats entrepreneurs et quelquefois de certains qui finissent par la  ténacité à rentrer dans la légende.

La morale de cette belle histoire que raconte avec brio Sylvain Bersinger, qui vient de rejoindre le cabinet de recherche économique Astéres, est que, in fine, tout un chacun à sa chance, pourvu qu’il s’en donne les moyens et qu’il en ait le courage…  pour risquer…  l’échec autant que la réussite. N’en déplaise aux adeptes de l’égalitarisme !!!

Un voyage très prenant au pays de l’entrepreneuriat national.

Sylvain BERSINGER,  consultant, ancien enseignant, est diplômé en économie Lyon 2 et Paris-Dauphine et l’auteur de 6 ouvrages. 

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Langue française

Faut-il dire le ou la covid 19 ?

Covid est l’acronyme de corona virus disease. On ajoute 19 à cause de la date de sa découverte : 2019.

Les acronymes prennent en général le genre du nom qui constitue le centre de l’expression qu’ils abrègent.  On dit ainsi la S.N.C.F., pour la Société nationale des chemins de fer français). Quand il s’agit d’acronymes anglais, on procède par traduction. On dit le FBI, pour Federal Bureau of Investigation, bureau se traduisant aisément par bureau. Mais ce sera la CIA, pour Central Intelligence Agency, du fait de la transposition d’agency  en agence.

Corona virus disease signifie « la maladie du virus corona ».  Le terme important est disease, que l’on traduit naturellement par le féminin maladie. Il faudrait donc dire la covid 19 : c’est une maladie.

Telle est l’argumentation de l’Académie française ; elle est impeccable.

Le problème est que l’emploi au masculin est généralisé. Pourquoi ? Parce qu’on a parlé d’abord ducorona virus (qui est un virus). Puis, par métonymie, on a donné à la maladie le genre de l’agent pathogène qui la provoque.

Au Canada, toutefois, où la confrontation du français et de l’anglais est quotidienne, on entend la covid 19 ; c’est notamment le genre qu’emploient de préférence les journalistes.  

L’Académie française réussira-t-elle ? Les chaînes publiques semblent avoir opté pour la Covid.  L’Académie parviendra-t-elle à corriger l’usage français au nom d’un emploi québécois ? Ce serait vraiment un scoop. Oh ! pardon : une primeur.

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Langue française

Résilience

Le verbe latin resilire était formé du préfixe re-, « en arrière » et de salire, « sauter ». Il signifiait « sauter en arrière, rebondir ». Resilire eut en français une double postérité.  D’un côté la résiliation, de l’autre la résilience ; ne les confondons pas.
En latin juridique, resilire avait pris le sens de « renoncer ». A la Renaissance, le français des juristes en a fait le verbe résilier, qui signifie « mettre fin à un contrat, une convention ». D’où la résiliation, et l’adjectif résiliable.
Par ailleurs, au XVIIe siècle, la langue anglaise, sur le participe présent latin resiliens, « bondissant », a fait l’adjectif resilient, de même sens, puis qui s’est dit d’un métal présentant une résistance au choc. Le substantif dérivé, resilience, a désigné la résistance aux chocs d’un matériau. Ils sont passés en français au début du XXe siècle. Nos résilient et résilience sont donc des anglicismes ! 
On les a employés longtemps en physique des matériaux. Ils y désignent proprement la capacité à revenir à sa forme antérieure, après une pression, un choc : on parle d’un coefficient de résilience
C’est dans cet emploi que, dans les années 1990, Boris Cyrulnik a importé le terme en psychologie, pour désigner la capacité d’un être à surmonter les chocs traumatiques de sa psyché. Par extension, résilience se dit de la force morale d’une personne qui ne se décourage pas. Par exemple : « Dans ce deuil, elle a su faire preuve d’une grande résilience ». 
Mais n’oublions pas le sens propre : la résilience, c’est la capacité de se reconstruire, que l’on soit un matériau ou un humain, de revenir à sa forme antérieure. On parle beaucoup de résilience, actuellement. Mais après cette pandémie, doublée d’une récession, serons-nous vraiment comme avant ? Evoquer notre résilience ne manque pas de courage, – mais fait preuve d’un grand optimisme.

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Point de vue des économistes

Par ici la monnaie - Petite métaphysique du Fric

Par Paul CLAVIER – Éditions du Cerf – 180 pages

« Qu’est-ce que la monnaie ? un bien réel ou un moyen de paiement ? une réalité en soi, ou le symbole d’une transaction ?  Mais si la monnaie n’est fondamentalement  qu’une  reconnaissance de  dettes, la question est de savoir qui doit quoi et à qui ». 

C’est par ces questions  aussi fondamentales que la philosophie qu’il professe que l’auteur ouvre  sa réflexion qui a toute l’apparence d’une aimable provocation. Mais il n’en est rien car, s’il  s’abstient d’entrer dans le « débat  sans  fin » qui  oppose les partisans et les  adversaires du système monétaire et financier existant,  s’il évacue les considérations trop  techniques, s’il préfère s’interroger sur la réalité à laquelle correspond cette « monnaie » et à quoi elle est employée plutôt que de savoir comment en détail elle est émise,  il n’hésite pas pour autant à examiner les fondamentaux  de l’orthodoxie monétaire :    qui a raison ? entre Marx pour qui « la capacité de l’argent à faire  fructifier sa propre valeur…  est la mystification capitaliste dans sa forme la plus brutale » ou John Maynard Keynes qui ne croit plus à la neutralité de la monnaie et lui reconnaît un rôle  central ou  Jean-Baptiste  Say  qui  considère qu’elle  doit  rester dans son  rôle d’instrument (la voiture) d’échange, ou bien enfin,  ceux qui à l’ image  du professeur Aglietta considèrent que « la monnaie ne fait qu’exprimer l’interdépendance  économique et sociale via l’Etat.

Ces considérations métaphysiques prennent toutes leurs valeurs au moment ou les Banques centrales déversent comme jamais sur l’‘économie « réelle »  des montants de « monnaie » inimaginables, ou les Etats  poussent leur endettement à des niveaux  hier totalement proscrits que  les économistes majoritairement considèrent comme nécessaire.

Cette idée qui monte selon laquelle il est possible de créer ex nihilo de la monnaie pour voler au secours des Etats « non frugaux », que  demain il sera tout à  fait possible d’effacer par un simple jeu d écriture  nos  dettes,  sans  qu’aucun épargnant, ni contribuable n’ait à en  souffrir, a de quoi  faire  frémir, même les  esprits les plus ouverts.

Avec cette question lancinante :  quid de la confiance demain dans la monnaie, base fondamentale de la  théorie de l’échange ? si, par malheur, l’opinion  se mettait à douter brutalement de  sa  valeur, quel en serait le prix  à payer ? Alors sans doute reviendraient comme un boomerang les  questions  qui  fâchent  : que  dois-je ?  moi qui ai  vécu collectivement au-dessus  de mes moyens, en consommant plus que ce que  j’ai su créer en  valeur, grâce à mon surendettement  partagé, que dois-je  à la génération qui me précède ?  que dois-je aux  générations  futures ?  aux puissants ? à la planète ?Une brillante introspection qui ne peut laisser aucun lecteur totalement indemne. Un regard particulièrement précieux sur un sujet dont on parlera (hélas) sans doute de plus en plus.

Paul CLAVIER-professeur de philosophie à l’université de Lorraine, auteur de nombreux travaux.

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