Tendances économiques

Edito Tourisme

Djerba sera la capitale mondiale de la francophonie en novembre 2021, si le contexte sanitaire permet à la Tunisie d’accueillir le 18ème Sommet de la Francophonie sur le thème « Connectivité dans la diversité : le numérique vecteur de développement et de solidarité dans l’espace francophone ».

Sarra Maâouia a rappelé à cette occasion que l’espace francophone constitue un territoire de relations économiques et commerciales privilégiées, par son histoire et par sa langue. 

C’est le moment de se souvenir que le français est la langue du Tourisme, et mon Edito de septembre 2017 sur ce thème est plus que jamais d’actualité.

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Langue française

Chômage

À partir du mot grec kauma, « la chaleur », le bas latin a formé le verbe caumare, qui signifiait « se reposer durant une forte chaleur ». Ce verbe a donné l’ancien français chomer, souvent écrit avec deux m, dont on a tiré, à l’aide du suffixe agentif –age, le substantif chômage.

Dans l’ancienne langue, le chômage c’est d’abord le fait de ne pas travailler volontairement. Plus précisément, on désigne ainsi la suspension des travaux, pour des raisons religieuses, le dimanche et les jours de fête. Cette signification est encore perceptible je crois, dans l’expression courante ne pas chômer, au sens de « travailler beaucoup » : « eh bien hier, je n’ai pas chômé ». Et les jours chôméss’opposent toujours, dans la nomenclature officielle, aux jours ouvrés, c’est-à-dire œuvrés.

Pas dérivation, le terme a désigné le fait de « rester improductif », involontairement donc, de par les conditions climatiques ou autres. On parle par exemple du chômage d’un moulin en période de basses eaux.

C’est au XIXe siècle, à la suite de la révolution de 1848, que le terme acquiert son sens moderne, économique et politique. Chômage prend alors le sens de « manque de travail pour quelqu’un qui en a besoin » ; d’où les dérivés chômeur et chômeuse, et les locutions chômage partiel, chômage technique, chômage structurel. Le mot comme la chose sont malheureusement devenus d’usage courant.L’histoire du mot est claire, mais pas sa graphie. Comment expliquer l’accent circonflexe sur la voyelle o ? Je l’ai dit, le terme s’écrivait souvent avec un double m : il entre ainsi, sous la forme chommage, dans la 2e édition du dictionnaire de l’Académie française. Dans la quatrième édition (1762), la Compagnie supprime ce m double et introduit un circonflexe sur l’o. Cet accent marque-t-il la disparition de la consonne ? Traduit-il une prononciation longue / chau-mer / ? On n’en sait rien et l’Académie ne s’est pas expliquée. Elle distribuait beaucoup d’accents circonflexes à l’époque ; on voit qu’elle n’a pas chômé.

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Point de vue des économistes

Le libéralisme économique au milieu des Tempêtes

Par Jean-Pierre ESTIVAL – L’Harmattan – 240 pages

Après avoir été accepté, à contre cœur, comme le « pire des modèles à l’exception de tous les autres » pendant les années fastes et glorieuses, le libéralisme est à nouveau  assailli de toutes parts : « le Communisme est mort mais pas la pensée Marxiste », les illibéraux prospèrent, les insoumis agitent  la « nouvelle pensée économique »,  tandis que Keynes retrouve avec la crise pandémique de nombreux adeptes, dénonçant le concept d’un marché autorégulateur et appelant de leurs vœux une intervention majeure et pérenne de l’État salvateur.

Enfin les théoriciens de l’écologie « pour qui le capitalisme est à l’origine de tous les maux de la planète ont  trouvé un prompt renfort dans les thèses de ceux qui considèrent que le libéralisme a  poussé à brader aux  « … pays émergents l’essentiel de nos  activités stratégiques et sanitaires…»  Bref, « le mondialisme heureux » paraît avoir vécu.    

Aussi  dans ce contexte, cette nouvelle parution de Jean-Pierre ESTIVAL, politologue, économiste, et auteur de  talent, arrive à point nommé  pour ouvrir la réflexion sur la nécessité pour le libéralisme de se redéfinir, à défaut de se réinventer et de s’ouvrir plus complètement aux besoins sociétaux  du «  nouveau monde ». Pour l’auteur, c’est « l’entreprise » qui doit devenir le moteur de  cette évolution par le passage d’un  « capitalisme d’actionnaires » à un « capitalisme de stakeholders », c’est-à-dire d’un meilleur partage des responsabilités entre l’ensemble des acteurs  économiques, autrement dit des parties prenantes. Ainsi propose-t-il, à travers une argumentation particulièrement documentée passant en  revue les principales théories libérales et les critiques qui les accompagnent, les pistes pour un libéralisme économique plus inclusif, pour la nécessaire reconquête des souverainetés nationales ainsi que celles qui touchent à l’évolution du commerce international. Au fil des pages, on mesure l’immense défi que représente cette indispensable ( ?) révolution idéologique : comme le pensait l’économiste Tyler Cowen : 

«… il faut démontrer sans cesse et toujours qu’un monde plus libre est un monde meilleur pour le plus  grand nombre … »

Les remises en cause engendrées par la crise pandémique sont sans doute de nature à permettre  d’avancer radicalement dans ce sens, peut être sur les pas des pratiques du modèle singapourien : 

« la démocratie à la base, l’expérience au milieu et la méritocratie au sommet »

Quelques leçons liées au coronavirus et une esquisse du monde d’après, précieuses tant pour la  réflexion que pour la pédagogie économique et accessible à tout public.

Jean-Pierre ESTIVAL, politologue, Docteur d’Etat en sciences  économiques, auteur primé par la 32e édition  du Prix Turgot est enseignant et expert sur les sujets des ex-PECO et le Moyen Orient.

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Langue française

Confinement et déconfinement

Le latin finis désignait l’extrémité. A l’aide de cum, « avec », le latin avait formé confinium, qui se disait des limites d’un champ.

Le français en a tiré confins, généralement employé au pluriel, pour désigner des terres situées à l’extrémité : aux confins de la Chine. 

On en a fait le verbe confiner, au sens étymologique de « se trouver à la limité » : le Brésil confine à la France. (Et oui ! la Guyane…). Puis le verbe a pris la signification de « placer dans des limites », d’où « forcer à rester dans un espace limité » : ce romancier se confine dans son bureau.

Le déverbal de confiner est confinement, qui fut longtemps un terme pénitentiaire : le confinement des forçats. Depuis la fin du XXe confinement est passé dans le vocabulaire de la médecine, pour désigner l’interdiction faite à un malade de quitter la chambre : un médecin prescrit le confinement.  Plus récemment encore, il désigne une procédure de sécurité plaçant toute une population dans des espaces clos (par exemple le domicile), afin de la protéger d’un nuage nocif ou d’une maladie infectieuse. 

La pandémie de coronavirus a fait entrer ce terme dans la langue courante. On en a pour preuve la facilité avec laquelle on a formé déconfinement et déconfiner, pour désigner le fait et l’action de sortirdu confinement. Ces mots tout neufs, d’emploi général, ne sont pas encore dans les dictionnaires. Qu’ils y entrent au plus vite, pour saluer ce bel exemple de créativité lexicale.En attendant, hum… le reconfinement ! Et avant qu’on nous autorise à nous redéconfiner…

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Langue française

Métier et profession

Métier et profession ne sont pas synonymes. Pour les distinguer, ayons recours à l’étymologie.

Métier provient du latin ministerium ; ce mot, dont on connaît par ailleurs le calque savant ministère, désignait le « service ». Être métier en ancien français signifiait « être utile ». Il y a dans métier une notion d’utilité, voire de technicité. N’oublions pas, d’ailleurs, que le terme peut désigner une machine : le métier à tisser

Le métier est donc une activité, souvent manuelle, utile à la société et dont on tire ses moyens d’existence. C’est le mot courant, synonyme de boulot, de gagne-pain : il n’y a pas de sot métier ! C’est une compétence que l’on acquiert (les ficelles du métier) et que l’on prouve : ce peintre a du métier

Le mot profession à une tout autre origine. Il a été emprunté au latin professio, lequel signifiait « déclaration publique ». C’est la signification première de notre terme, que l’on rencontre encore dans la profession de foi d’un candidat.

Professer, c’est donc se déclarer publiquement, se donner comme, affirmer une croyance ou un état. On passe ainsi au rôle que l’on entend jouer dans la société. Il y a dans profession une idée de fonction sociale ; c’est l’activité habituelle d’un individu, dont il tire ses revenus mais surtout par laquelle il joue un rôle en société.

On comprend que profession soit moins technique que métier, plus administratif (« âge et profession ! ») et souvent plus noble. On parle de la profession de médecin, des professions libérales.Fonction sociale, donc, opposée à activité concrète : Pierre a choisi d’exercer la profession de chef d’entreprise ; c’est souvent un dur métier !

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